L'Algérie, comme tous les pays du monde, s'apprête à célébrer la Journée mondiale de la liberté d'expression et de la presse. Nul ne peut nier le droit d'existence à la presse algérienne, qui a permis la création de 200 organes de presse ; cependant les délits de presse restent une contrainte et un obstacle jugés majeurs par le monde de la presse, depuis le 17 janvier 2001, date à laquelle l'Algérie officielle a considéré l'écrit journalistique comme un acte passible de sanctions pénales. Le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, avait souligné devant les Nations unies que la presse algérienne est la plus libre dans sa sphère géographique, précisant qu'avec 52 quotidiens, 98 hebdomadaires, et 43 autres périodiques, et un tirage global de 4,5 millions d'exemplaires, elle reflète à la fois les opinions, les courants de pensée et la réalité sociologique qui prévalent en Algérie. Dans ce cadre, il avait précisé que “87% des poursuites judiciaires intentées à la presse ont été initiées par des particuliers qui s'estimaient victimes de diffamation, d'atteinte à leur vie privée”. Il donnera ensuite des chiffres sur les 200 affaires couvrant la période 2001-2007, dont 26 condamnations ont été transformées en peines légères. Dans son évaluation de la situation de la liberté de la presse dans notre pays, le ministre de la Communication, a affirmé que l'Etat ne lésine pas sur les efforts pour garantir la liberté d'expression. “ Si la loi garantit toutes les conditions de la liberté d'expression, il reste sans nul doute que son application sur le terrain connaît quelques difficultés et obstacles. ” . Une reconnaissance de la part du porte-parole du gouvernement sur l'existence de barrières empêchant un exercice libre de la profession de journaliste, notamment , la pénalisation du délit de presse. Il a souligné que “ cette question est sujette à débat ”. Par ailleurs, à la veille de la célébration de la Journée mondiale de la liberté d'expression, et se basant sur l'article 4 de la loi 90-11 portant définition des relations de travail et autorisant le recours à une loi particulière pour la presse, un régime spécifique vient d'être adopté par le gouvernement la semaine dernière et qui offre aux journalistes un cadre légal leur permettant de jouir des droits élémentaires. Figurant depuis tant d'années comme une des revendications majeures de la presse algérienne, les journalistes viennent enfin d'obtenir une base juridique définissant leurs droits et devoirs en attendant d'autres acquis dont la dépénalisation du délit de presse et ce, après des années de et de lutte acharnée pour un exercice libre et responsable de leur métier sous la protection de la loi.Ce régime offre aux journalistes un cadre légal leur permettant de jouir des droits élémentaires tels que “ la déclaration à la sécurité sociale, la revalorisation de la rémunération et la stabilité professionnelle. Notons que ledit régime spécifique doit jeter les bases d'une bonne prise en charge des préoccupations des journalistes. Ce cadre juridique porte un nombre de dispositions notamment, le droit à l'obtention d'une carte d'identité professionnelle, le respect de la propriété intellectuelle et le droit à la formation et l'évolution dans la carrière. Le décret exécutif adopté hier prémunit le journaliste contre les actes de violence, d'agression et toute pression dont il pourrait faire l'objet dans la recherche d'informations à la source . Il s'agit aussi d'obliger les employeurs à garantir une assurance complémentaire pour la couverture des événements dans des zones de conflit. Cependant , les acquis consignés dans ce décret exécutif ne sauraient répondre aux préoccupations des journalistes sans qu'une convention collective ne soit débattue et adoptée entre les différents partenaires, à savoir éditeurs et journalistes.