Hier, journée particulière à Alger, capitale de l'empire. Le matin, des sabots jaunes étaient visibles un peu partout. Et des voitures étaient immobilisées, avec des conducteurs attendant que la police arrive avec sa clé pour les délivrer de leur immobilisme. Pourquoi ? Une simple décision de la wilaya qui a fait que la veille au soir, les services concernés passaient dans les rues en implantant des plaques de stationnement interdit, sur des rues choisies par elle. Pour un habitué, il est normal de ne pas remarquer la nouvelle plaque qui a fleuri le temps d'une nuit. Pour un Etat, il est logique de laisser le temps aux habitués de s'habituer à ce nouvel état de fait, il est interdit de stationner là où on a l'habitude de stationner. Ce qui ne s'est pas passé, la réaction de la police a été immédiate, c'est-à-dire sanctionner les gens qui n'ont pas vu arriver la nouvelle loi que personne n'a lue ou pensée, en plaçant des sabots. Résultat, beaucoup de gens se sont retrouvés coincés, statiques et fixes, attendant que la police vienne leur enlever le sabot après avoir payé l'amende. Place du 1er Mai, rue Didouche Mourad, partout, des centaines de conducteurs de voitures se retrouvaient coincés, attendant la délivrance, offrant de fait une journée de travail, de loisir ou de vie à la wilaya. Depuis quelque temps, l'Algérie officielle, de peur des bombes et des explosions, du nombre et du monde, a décidé de ne laisser personne se garer. Résultat, Alger déjà pleine, Alger déjà encombrée, doit se trouver de nouveaux espaces pour exister, se garer, s'arrêter. Ce rétrécissement des espaces de stationnement amène une question fondamentale : doit-on exister ou doit-on disparaître pour laisser le régime faire face à cette solution rêvée, 100 personnes à Alger, 100 milliards de dollars de réserves ? C'est peut-être, entre autres, l'objet du recensement actuel.