Après 24 ans, je viens de revoir Khalfa Boualem avec plaisir. L'homme a vieilli (85 ans) mais il est toujours le même, le militant que j'ai connu dans les années quatre-vingt.Il croit toujours en ses principes. Pour lui, le socialisme n'est pas mort, les peuples du « Tiers-monde » ont besoin de cet élan révolutionnaire pour se régénérer, le colonialisme est toujours à l'affût et… le terrorisme est un piège tendu aux musulmans qui n'ont pas compris… la modernité. Et le pays, l'Algérie blessée ? Il me renvoie à son poème : « Ah ! mon cœur mon frère Se laisser tomber sur un banc du parc laisser son corps se gorger de soleil Et sa mémoire de sourires d'enfants De murmures d'amoureux Du concert feutré des mésanges Plus heureuses que moi de ce printemps précoce Et rester là une heure, deux heures Détendu rêveur Sans penser que ce gardien débonnaire Ou ce promeneur aux gestes trop lents Peut être Pourrait être Semble être… » « Va droit, tout droit. » Ce poème, Khalfa Boualem l'a écrit pendant la période coloniale, l'a « peaufiné » durant les « années dures » de clandestinité (1960-1970) et chose étrange, dans cette Algérie malheureuse, le trouve toujours valable, car… le terrorisme islamiste a remplacé et le colonialisme et le FLN de Boumediène ! Il y a quelques années, Khalfa Boualem et ses amis progressistes ont créé le Parti algérien pour la démocratie et le socialisme (PADS). La « dislocation » de l'ex-Parti de l'avant-garde socialiste (PAGS) les a touchés en plein cœur, eux qui ont passé les meilleurs années de leur jeunesse dans la clandestinité ou... la prison ! Khalfa Boualem écrit toujours des poèmes… de beaux poèmes pour cette Algérie éternelle. Il les dédicace chaque jour de sa main tremblante, avec un stylo rouge : « A toi mon ange rouge habillé de mon sang. » Rectificatif : Une mauvaise manipulation nous a fait glisser des poèmes de K. Boualem dans l'article « Folio » du 10 mars 2008. Toutes nos excuses au grand poète Si Boualem.