« Vous êtes des vigiles, des gardiens et des éclaireurs à l'avant-poste de l'éco-efficacité. » Voilà, en clair, le message qu'a adressé, hier, le ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, Cherif Rahmani, en direction des chefs des établissements (surtout les entreprises) classés ayant au moins une installation soumise à autorisation lors de la première rencontre des délégués à l'environnement tenue à Alger. L'objectif essentiel de cette première rencontre des délégués à l'environnement, désignés en vertu de la loi n° 3-10 du 19 juillet 2003 relative à la protection de l'environnement, et à laquelle ont pris part tous les partenaires et acteurs impliqués dans la prise en charge des problèmes environnementaux en entreprise, a été de les installer officiellement et de leur clarifier les missions qui leur incombent dans la nouvelle stratégie environnementale, mise en place par les pouvoirs publics. Une stratégie basée, a tenu à expliquer Cherif Rahmani, sur le « management environnemental » qui vise à ce que la question de l'environnement soit intégrée dans les entreprises en tant que préoccupation. Ainsi, tout en qualifiant la politique appliquée dans le passé d'« obsolète, voire irresponsable », M. Rahmani estimera qu'il faut passer à ce qu'il convient d'appeler, selon lui, « le compromis dynamique ». Ce paradigme, comme il l'a souligné, est « l'éco-efficacité », un concept d'affaire qui rassemble l'écologie et l'économie, selon lui. Pour ce faire, il faut, à ses yeux, « un code de bonne conduite » au niveau de toutes les entreprises. Ce code se résume en un ensemble de rôles (ou de missions) que doivent jouer les délégués de l'environnement s'agissant de la gestion environnementale au sein de l'entreprise en général. A ces délégués de l'environnement, dont le nombre avoisine le millier, sont attribuées des missions, entre autres, la mise en place de règles de bonne pratique environnementale dans l'entreprise, la recherche des voies et moyens de réduction des pollutions et des nuisances générées par l'activité de l'entreprise, la mise en place de systèmes d'autocontrôle des rejets industriels, la prévention des risques industriels, la formation et la communication avec le public en ce qui concerne les informations en matière d'environnement. Tout un panel d'actions qui devraient conduire à ce qu'a appelé le ministre l'éco-efficacité de l'entreprise. Cela dit, pour étayer le constat alarmant à l'origine, « une politique irresponsable » appliquée par le passé sur la question environnementale, M. Rahmani a signalé que l'Algérie perd 3,5 milliards de dollars, soit 5% du BIP. Ces pertes affectent, regrette M. Rahmani, et la qualité environnementale et la santé humaine. Il ajoute que près de 220 millions de mètres cubes d'eaux usées sont déversés dans la nature alors que les capacités de recyclage ne sont que de 20 millions de mètres cubes. Autre menace sur l'environnement, selon le ministre : « Nous enregistrons 325 tonnes de déchets spéciaux dangereux. » Auxquelles s'ajoutent 2,5 millions de kilogrammes de produits dangereux stockés dans nos usines. Près de 40% de ces déchets sont dangereux. 41% se trouvent à l'est du pays, 26% à l'ouest et 21% au centre du pays, a-t-il précisé. Par ailleurs, le ministre a indiqué que le fonds émanant de la fiscalité « pollueur-payant » a atteint 600 milliards de centimes. Le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement est en passe d'appliquer une autre forme d'impôt - fiscalité écologique -, pour tout ce qui est produits dangereux. M. Rahmani évalue à 60 les établissements « dangereux » présentant des risques majeurs en Algérie.