Connu du grand public, Karim Kadidi a déjà fait ses preuves dans le domaine de la mode. Il est réputé pour ses broderies traditionnelles et ses découpes innovantes dans la haute couture. Ce jeune natif de Miliana n'est pas venu accidentellement dans la couture. Il fait partie d'une famille du métier. En effet, dès sa tendre enfance, il a été bercé dans les coulisses d'une famille de couturiers et de brodeurs. A commencer par son grand-père maternel qui était réputé à Miliana pour ses blousons. Sa mère et ses tantes excellaient, elles aussi, dans la broderies. Karim Kadid était convaincu qu'il suivrait cette voie mais cependant ne s'imaginait pas comme étant le couturier du quartier. Son champ de vision était, en fait, plus large. A discuter avec lui de ses intérêts en recherche, on réalise très vite que Karim est avant tout un homme de détermination et de passion ; détermination dans sa façon de mener à bien ses idées, et passion dans la manière d'en parler. Ainsi après une formation de deux ans en dessin du bâtiment, Karim décide de changer de filière. Il ouvre une modeste boutique à Miliana. Très vite, Karim se rend compte de la nécessité de suivre un cursus dans un centre de formation professionnel agréé après un stage qui aura duré 18 mois, il en ressortir en diplôme en prêt-à-porter. Voulant se perfectionner davantage, il transite durant trois années dans une école privée de stylisme. « après mes différentes formations, confie-t-il, je me suis senti plus professionnel. Je me sentais véritablement émergé dans le domaine de la mode ». Par la suite, le styliste enchaînera défilé sur défilé. Sa plus grande fierté est sans conteste l'ouverture d'une école spécialisée dans la broderie à Miliana, en 2002. « après la fermeture de la célèbre école de broderie au niveau de ma région, j'étais dans l'obligation de sauvegarder ce patrimoine inestimable. J'ai récupéré l'ensemble des ouvrières », explique-t-il. L'école est spécialisée dans la broderie main, dans la reproduction et la restauration des vieilles pièces. Karim tient à révéler que certaines matières premières ne sont pas toujours disponibles sur le marché algérien. A titre d'exemple, les écheveaux de fils DMC, le métis ou encore la toile de lin.... sont inexistants. Aujourd'hui, notre interlocuteur se considère comme un styliste de haute-couture. La broderie n'a fait que compléter son savoir-faire. Dans l'ensemble de ces tenues de soirée, Karim Kadid se plaît à préserver des motifs anciens de broderies en les rehaussant de couleurs chatoyantes. Comme lorsqu'on endosse un costume pour un rôle, il se pénètre plus facilement de l'esprit d'un styliste en « habitant » physiquement ses créations. La haute couture pour Karim existe en Algérie mais de façon très timide. après avoir découvert les arcanes de la mode et de la publicité, Karim compte bien se faire un nom dans le cinéma. Il voudrait personnaliser l'image de l'Algérie à travers la richesse de ses costumes. « Je voudrais coudre et faire du sur mesure pour les comédiens ». Il compte ouvrir prochainement à Alger, une maison de haute couture portant son nom. A l'occasion de son prochain prestigieux défilé de mode, Karim Kadid exhibera tout son savoir-faire. A travers les quarante tenues proposées, il remettra au parfum du jour, certains costumes traditionnels. Il dévoilera le souk de la femme algéroise ainsi qu'une collection de caftans datant de plus de trois siècles, le tout rehaussé d' une scénographie adéquate.