La guerre d'Algérie inspire encore les écrivains. Si les auteurs français se sont intéressés, comme ils l'ont fait pour le 50e anniversaire (2004) du 1er Novembre 1954, aux « horreurs du conflit » (entre pieds-noirs et Algériens d'après beaucoup d'entre eux), leurs collègues algériens, nationalisme oblige, sont plus objectifs et sincères. Cependant, la période entre 1945 (année de la fin de la 2e Guerre mondiale et… des événements dramatiques du 8 mai1945 en Algérie) et 1954, a suscité peu d'œuvres majeures. Cette Période obscure et troublante (déchirement et guerre fratricide au sein du PPA/MTLD, hésitations malheureuses des oulémas après le décès du cheikh Ben Badis, etc.), n'a bénéficié que de quelques essais historiques dont beaucoup sont imprécis ou peu documentés. Pour ces raisons et autres, le roman La Fureur de ressusciter (1)) de Djamal Kharchi est à saluer. C'est presque un événement littéraire. En effet, quel est le romancier (algérien oufFrançais) qui a écrit sur « octobre 1954 » ? De mémoire de lecteur assidu, je n'ai jamais lu de fiction sur ce mois plus « sacré » que « Novembre (2) ». Djamal Kharchi dit que « l'histoire de son roman peut s'écrire avec un grand H… C'est une histoire dans l'histoire. Une fiction inspirée de faits réels. » Octobre 1954 : 99% des Algériens étaient sans « nationalité », des sous-citoyens, des indigènes miséreux, épuisés par les exactions des colons européens insolents et racistes. Octobre 1954 : El Hachemi, Zoubir, Ramdane, Mahfoud, Larbi et autres Bachir décident de changer le cours de « l'Histoire » et d'écrire ce mot avec un grand H. « El hachemi s'inscrivait, déjà, dans une perspective révolutionnaire où le peuple serait à l'avant-garde du combat libérateur. Avec des hommes comme Mimoune, et El Hachemi s'y connaissait en hommes, il y avait de quoi être confiant @en l'avenir (3) ». Djamal Kharchi trace un panorama du conflit qui couve, reconstitue l'état d'âme des militants nationalistes, montre à la fois la misère, l'oppression et la grandeur du projet révolutionnaire et tout l'enchevêtrement des ambitions, des sentiments et des opinions qui enveloppent l'action de ces hommes exceptionnels qui ont préparé les « attaques » de la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1954. Djamal Kharchi a signé là, l'un des meilleurs romans de la littérature algérienne. (1) Editions ENAG - 424P (2) Les tractations politiques, les vrais engagements et les… défections malheureuses se sont passés durant octobre 1954. (3) P. 366 du roman