L'adage si célèbre qui dit « Au mois d'avril, ne te découvre pas d'un fil ; au mois de mai, fais ce qu'il te plaît » semble ne plus, ou pas avoir cours à Djelfa. La variabilité du temps est telle qu'il faut une parfaite connaissance des conditions atmosphériques spécifiques à cette région septentrionale des Hauts-Plateaux pour décider de ce qu'il faut ou non porter comme habit fonctionnel de circonstance. C'est presque à chaque fois soudainement et sans prévenir qu'on passe d'un climat à un autre, et ce, sans pour autant qu'il s'agisse forcément d'un passage graduel, c'est-à-dire dans le sens des saisons. Tantôt il fait chaud, tantôt il fait froid et l'inverse est vrai. Certes, cette fluctuation thermique s'est vérifiée, pour la énième fois, en ce début de semaine où les températures, accompagnées d'averses, se sont nettement rafraîchies au point que les accros de la « kachabia », une sorte de manteau avec capuche en laine de dromadaire, ont renoué, hier et avant-hier, avec cet habit d'hiver. Ce soubresaut climatique pourrait survenir à tout moment durant les quatre saisons ! On préfère nous en remettre à la science empirique, parce que c'est plus anecdotique de tenter de dater approximativement ce genre de perturbations des conditions atmosphériques et en savoir un peu plus sur le caractère subit de ce phénomène. Pour toute réponse de la part d'un confrère de la radio, dont l'aïeul est encore vivant et qui est centenaire, c'est une histoire pittoresque d'un groupe de transhumants allant du Sud vers le Nord, qu'il tient de lui et qu'il nous a contée. Arrivé dans les environs de Messaâd, à 70 km de Djelfa, un vieux, parmi ce groupe de transhumants, sentant brutalement l'effet d'un vent léger et doux et, après avoir exposé sa main à l'air, a conseillé à la caravane de faire halte. Le temps, leur a-t-il dit, de laisser passer l'orage, apparemment sans annonce mais que lui entrevoyait se profiler à l'horizon. On prit cette mise en garde pour une loufoquerie, car il faisait extrêmement chaud en ce moment à cet endroit, et l'on continua son chemin sans lui et sa famille qui ont préféré bivouaquer. Quelque temps après, le ciel s'est subitement couvert de nuages et l'orage inonda le périmètre où se trouvait la caravane, suivi plus tard d'une neige abondante. Au final, tout le monde a péri ainsi que le cheptel d'ovins et de caprins, sauf cependant un chamelon qui a miraculeusement survécu.