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Pour réhabiliter, il faut habiliter
Vieux bâti
Publié dans El Watan le 13 - 05 - 2008

« Ce qui vaut la peine d'être fait, vaut la peine d'être bien fait. » Nicolas Poussin
Puisque le débat sur la réhabilitation des immeubles resurgit de la pénombre, autant l'enchaîner sous les projecteurs. A ce titre, mon point de vue sur le sujet sera en « brut de décoffrage » pour faire apparaître les aspérités.
Pour qui sonne le tocsin ?
Il est signalé ça et là que quelque 2 millions de logements sont « sinistrés » et méritent (si on peut) d'être réhabilités, c'est-à-dire remis quelque peu au goût du jour. En vérité, tout autre ouvrage est aussi concerné par une réhabilitation, qu'il s'agisse d'immeubles scolaires, administratifs, hospitaliers, hydrauliques, militaires ou tabliers de ponts. Bref, le débat en vaut la peine pour un cas pour mille.
Les effondrements partiels ou en totalité d'immeubles « vieillis » sont signalés de plus en plus ces dernières années, qu'ils soient occupés ou désaffectés. Chaque fois qu'il pleut, qu'il vente ou qu'il tremble, les malheureux occupants de ces immeubles se tiennent à la fois le ventre et la tête, en espérant que le « ciel » ne leur tombera pas dessus. Ce vieux bâti battu et abattu peut-t-il se relever ? Dans toutes les langues, la réponse est : das ist nicht moeglich, it's not possible, niet, oulamakh ! Chaque fois qu'une bâtisse s'effondre, après recasement, déblayage, un grand trou demeure pendant que certains se frottent les mains, au lieu de retrousser les manches. A l'image de la place d'Armes à Annaba, le Bardo à Constantine, Sidi El Houari à Oran, La Casbah à Alger, la majorité des villes et villages du pays, du Sud comme du Nord, recèlent des quartiers vétustes.
Pour ne citer que La Casbah d'Alger, combien de promesses, combien de tentations, combien d'espoirs ont nourri la perspective de la restaurer, de la réhabiliter, de la nettoyer pendant qu'elle se démembre chaque jour un peu plus ? Après les « transhumances » des années 70 et 80 vers Bachedjarah, Bab Ezzouar et Aïn Allah et l'installation d'Offices tels l'Ofirac, l'on s'est dit que cette 1re ville d'Alger allait reverdir à l'image des médinas de Tunis, Fès ou Lisbonne, arpentées à longueur d'année par les touristes. Hélas, tout cela ne fut que mirage et elle continue à se consumer comme Fettouma son habitante depuis toujours, rabougries l'une jusqu'au bout des ongles et l'autre jusqu'au fond des fondations. Et l'on pourra entendre comme un écho venant du tréfonds... « Fettouma ! Ma chère fettouma, ne vois-tu rien venir ? » Et la falaise St Raphaël sur les hauteurs d'El Biar (site naturel classé suivant le JO du 23-01-1968), faut-il attendre qu'elle s'effondre pour s'en occuper ?
Voilà déjà plus de 8 mois que le 2e sursis pour l'utilisation du sable d'oued est entamé, alors que le sable de carrière est pratiquement introuvable (du moins dans l'Algérois). Quant aux flancs du djebel Bouzegza à quelques encablures d'Alger, ils sont toujours calmes à défaut d'être paisibles, en l'absence d'ouverture de sites de concassage de roches. Dans ce cas, le risque est grand d'entendre des piles et culées de ponts crier : « A moi les palplanches et batardeaux ! Ma fondation m'abandonne ! »
Il est regrettable de constater en mai 2008 que l'on « assassine » allégrement des terres agricoles de haute valeur en faveur du béton, alors que la SAU (surface agricole utile) se rétrécit comme peau de chagrin et que la facture alimentaire augmente en exponentiel. Pendant ce temps, de vastes superficies délabrées dans les villes et villages sont visibles et nuisibles de partout.
Et dire qu'en 1962, l'Algérie produisait quelque 18 millions d'hectolitres de vin, résultat du travail d'environ 1 million de personnes, 8 mois sur 12 et sans exode. Pour paraphraser le poète, « voilà que j'ai vu passer plus de trente hivers et je m'aperçois que je n'ai rien défini ». Pour bien situer les idées, je citerai l'extrait concernant la réhabilitation dans ma contribution personnelle transmise à M. le ministre de l'Habitat, il y a de cela 14 ans (mars 1994) ; c'est-à-dire une période où un enfant naît, grandit, se développe, est totalement vacciné et commence à se sentir adulte. « Pour les pouvoirs publics, de même que l'ensemble des institutions et services ayant des missions dans l'acte de bâtir, la préoccupation vise essentiellement les opérations et programmes nouveaux en matière d'habitat. Malheureusement, il n'est, actuellement, nullement constaté d'actions notables ou continues en faveur de l'habitat existant. Un parc immobilier qui vieillit et se dégrade rapidement surtout par l'action ou l'inaction de l'homme en l'absence de toute politique de réhabilitation ou de rénovation. On assiste ainsi d'une façon impuissante à la dégradation des pâtés de maisons et d'immeubles par quartiers entiers, quand bien même ils feraient partie de notre patrimoine civilisationnel (cf La Casbah d'Alger). Les acteurs dans l'acte de bâtir, pouvoirs publics, concepteurs, entrepreneurs, gestionnaires, ou propriétaires d'immeubles devraient donc s'imposer d'importants efforts d'adaptation pour faire face à cette situation. C'est dire la nécessité en urgence d'une politique vigoureuse en faveur de l'amélioration de l'habitat existant. Il est impératif que les pouvoirs publics « imposent » cette rénovation par :
des aides financières ;
des prêts auprès des sociétés de crédits immobiliers pour la remise en état des logements ou leur agrandissement, le taux d'intérêt devant être faible ;
des financements privilégiés à accorder aux Organismes publics logeurs, pour l'amélioration de leur parc ancien (d'avant 1970). Malgré l'inadéquation des structures et des méthodes de travail des professions orientées essentiellement vers la construction neuve. L'habitat ancien présente un marché potentiel important dans le cadre de son amélioration. Il est à même de résorber une partie importante de la population au chômage dans la mesure où les travaux sont en majorité manuels donc ne nécessitant pas de matériels importants ni de qualification particulière, excepté pour le personnel d'encadrement.
A quand le retour vers le futur ?
On observe d'une façon générale au recasement des occupants avec plus ou moins de bonheur quand un immeuble est classé définitivement insalubre et présente un risque avéré d'effondrement. En effet, ces citoyens sont relogés très souvent dans des logements plus étroits et très loin de leur ancien quartier. Que penser d'autres à la place de certains sinistrés du centre d'Alger qui se retrouvent à Tessala El Mardja, à Heuraoua, même si les panoramas et la verdure sont présents ? Loin des lieux de travail, de la famille, des amis avec des moyens de transport aléatoires. L'on peut ainsi surprendre des vieux et des adolescents revenir furtivement de temps à autre sur les lieux de leurs « délits ». Qui pour une partie de foot interminable, qui pour siroter un thé dans un café « Malakof », qui pour aller sur la berge voir la furie des vagues et entendre le ressac. Le crépuscule venant, c'est avec « un cœur plus léger » qu'ils regagnent leurs « refuges », en se promettant de recommencer dès que possible. Je déborde ? C'est la sociologie ? Tant pis ou plutôt tant mieux, car la finalité des choses est pour l'homme. L'on peut observer jusqu'à date des opérations de réhabilitation qui maintiennent des immeubles tels quels, les travaux effectués se limitant à des confortements des structures portantes, des ravalements de façades, de réparations de cages d'escalier, terrasses, etc. La réhabilitation, à mon sens, devrait être l'occasion d'aérer et d'assainir tout un quartier affecté. Il s'agirait à travers cette opération de recréer des îlots et des logements plus fonctionnels, moins étroits, des placettes où des personnes âgées peuvent se retrouver, des rues plus larges, des réseaux rénovés. En somme, agir comme pour un arbuste encombré par des branches mortes, de nouveaux rameaux, qui étouffe et se meurt chaque jour un peu plus. Il y a lieu, dans ce cas, d'élaguer fortement, pour permettre à cet arbuste de continuer à donner des fruits, des fleurs ou de la chlorophylle. Dans cette perspective, il serait pertinent de remémorer (pour ceux qui connaissent) l'ancien quartier des Halles à Paris où dans les années 70, les anciennes bâtisses ont fait place à des lieux de convivialité, de détente, de loisirs, de culture et de services avec le centre Pompidou, le Forum..., etc. Pour rester dans la région, il est tout aussi intéressant de rappeler les rénovations et restaurations, plus d'une fois, des Cascades, Fontaines, des deux Trianon du Palais de Versailles. Ceci, afin qu'il reste « vivant » dans l'histoire et attirer chaque jour un peu plus de visiteurs admiratifs. La construction de l'Arche, dans le quartier de la Défense dans les années 80, a obéi à une perspective urbaine millimétrée en alignement dans l'axe Place de la Concorde-Champs Elysées-Arc de Triomphe, pour concilier ancien et le nouveau. Napoléon III, assisté de son préfet, le baron Haussmann, a initié la percée de vases couloirs à travers la vieille ville à Paris et, à l'occasion, affirmait : « Paris est le cœur de la France. Mettons tous nos efforts à embellir cette grande citée. Ouvrons de nouvelles rues, assainissons les quartiers populeux qui manquent d'air et de jour, et que la lumière bienfaisante pénètre partout dans nos murs. » Tracés par Louis XIV sur les anciens remparts, les grands boulevards de Paris demeurent de grandes artères de promenade, d'aménagements de théâtres, opéras, cinémas et cafés qui attirent des milliers de Parisiens, de provinciaux et d'étrangers. Mais déjà on aborde là un autre sujet complémentaire à la réhabilitation, que forment la restructuration et l'aménagement urbains, thèmes tout aussi épineux à mettre en débat. Dans ce sens, la perspective « euphorique » d'implanter des buildings sur le rivage entre le Port d'Alger et Bordj El Kiffan est loin d'être réjouissante (sans compter le coût des fondations très profondes) quand il s'agira de masquer le majestueux panorama qu'offrent la baie et la ville d'Alger pour chaque visiteur venant par l'Est. L'implantation de la station de dessalement a déjà égratigné ce panorama. Nous aborderons les aspects techniques de la réhabilitation une prochaine fois. Entre- temps, le Salon du bâtiment peut exposer des « nouveautés » à ceux qui habitent des « vieilleries ».
L'auteur est : Ancien DG du CTC Centre


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