Le président Mahmoud Abbas a dénoncé les « crimes horribles commis par une bande de rebelles (...) sous les yeux du monde entier » Ghaza. De notre correspondant Venus de tous les coins de la bande de Ghaza, pour ceux qui ont pu passer à travers les points de contrôle de la force exécutive du mouvement islamiste Hamas contrôlant ce territoire depuis la mi-juin 2007, plus d'un demi million de citoyens se sont rassemblés sur la place d'El Katiba, à l'ouest de la ville de Ghaza, à l'appel du mouvement nationaliste du Fatah, dans le but de commémorer la mort du leader Yasser Arafat, il y a trois ans. Cet immense rassemblement de citoyens des deux sexes et de tout âge ne s'était produit qu'à l'occasion du retour en 1994, de Yasser Arafat à Ghaza. Une véritable ambiance de fête régnait sur les lieux. Des milliers de bannières jaunes du Fatah flottaient à côté du drapeau palestinien. Les jeunes et les moins jeunes portaient des keffiehs aux couleurs du célèbre « keffieh d'El Khtiar » de Arafet, surnommé « Le vieux » et qui a une place spéciale dans le cœur de tous les Palestiniens, même ceux qui n'étaient pas en accord avec lui sur certains côtés de sa ligne politique. Les rues de Ghaza ont vécu lundi une véritable kermesse. Malheureusement, ce qui devait être une fête s'est transformée en un cauchemar sanglant. A la fin du rassemblement, au cours duquel plusieurs responsables du mouvement du Fatah ont pris la parole, les milices armées du mouvement Hamas se sont mis à tirer sur les participants en causant la mort de 7 Fathaouis et blessant plus de 130 autres. Des sources hospitalières, préférant garder l'anonymat, nous ont déclaré que l'état d'une dizaine de blessés hospitalisés à l'hôpital El-Shifa, est grave. Une véritable anarchie a régné durant plus d'une heure, avant la totale dispersion de la foule. Certains ont commencé à scander des slogans hostiles au Hamas, alors que d'autres jetaient des pierres contre les hommes armés présents en grand nombre et dans tous les coins. « Nous sommes venus confirmer notre fidélité aux idéaux de notre leader Abou Amar. C'est lui qui a déclenché la résistance armée et c'est lui qui a cherché à obtenir les droits nationaux par le biais des négociations avec l'ennemi. C'était un père et un frère pour tous les Palestiniens. Malheureusement, la haine que portent les hommes et les responsables du mouvement Hamas contre tous ceux qui ne les supportent pas, a transformé notre fête en deuil », nous a dit d'une voix pleine de défi, Oum Firas, une femme de quarante ans venue de Djabalia, au nord de la ville de Ghaza, en compagnie de voisines et de proches afin de participer au rassemblement. Pour Fadi, un jeune de 23 ans, « ils veulent nous faire taire en nous faisant peur, mais ils ne réussiront pas. Nous sommes Fathaouis et nous le resterons ». Ainsi, une nouvelle fois le sang palestinien a coulé. La politique oppressive du mouvement Hamas, qui ne s'attendait pas à un tel déferlement de foule, se poursuit contre tous les citoyens, sans aucun état d'âme. Ce mouvement, qui a perdu énormément de sa popularité, préfère régler ses différends avec ses rivaux par le biais de la force. Malgré cela, le porte-parole du mouvement Hamas Sami Abou Zohri a fait porter la responsabilité du bain de sang au mouvement Fatah. Selon lui, certains de ses partisans ont ouvert le feu, ont jeté des pierres et « ont attaqué la police Ce qui a conduit à une explosion de la situation ». Le président palestinien Mahmoud Abbas a décrété un deuil national pendant trois jours, à la mémoire des victimes de ces violences. Il a, par ailleurs, dénoncé à la télévision palestinienne depuis Ramallah, les « crimes horribles commis par une bande de rebelles (...) sous les yeux du monde entier ». Quant au ministère de l'Education, il a décidé l'arrêt des cours pour la journée d'hier dans toutes les écoles de la bande de Ghaza, en signe de deuil et par mesure de sécurité .