C'est un véritable coup d'Etat militaire du Hamas contre l'Autorité palestinienne et les différents services de sécurité », déclare un habitant de Ghaza ville contacté hier par téléphone. Avec sa famille, il a dû passer la journée de mardi - « une journée d'enfer » - couché par terre dans son appartement dans une cité de fonctionnaires visée par les tirs des éléments du Hamas. « Ils n'attaquent pas seulement les centres de sécurité, mais même les bâtiments d'habitation. Moi, j'habite dans une cité de 600 appartements au nord de la ville, non loin de la maison du leader Fathaoui Moqdad Maher que les gens du Hamas ont tenté d'assassiner la semaine dernière », raconte un fonctionnaire d'une quarantaine d'année. Mercredi matin, face à la violence des tirs qui ont détruit les vitres de son appartement, il a décidé de fuir sa maison en portant ses filles et en déboulant à toute vitesse sous le feu nourri des armes automatiques à travers des rues désertes. « On a couru pendant deux kilomètres au milieu des coups de feu », dit encore ce témoin qui compare sa fuite avec celle des réfugiés palestiniens, plus au Nord, au Liban, qui quittaient apeurés les combats du camp de Nahr El Bared. Selon son témoignage, les groupes armés du Hamas contrôlent la majorité du nord de la bande de Ghaza, soit 50% du territoire. « Il ne leur reste plus qu'à mettre la main sur le quartier général de la présidence palestinienne et ses alentours », nous informe cet habitant de Ghaza effondré autant par la gravité des affrontements que par le caractère fratricide des combats. Notre interlocuteur a pu rejoindre des proches dans le sud de la bande de Ghaza dans un quartier « que les éléments du Hamas n'ont pas encore attaqué ». « C'est insensé. Les attaques du Hamas n'ont aucune logique politique ou militaire. Que veulent-ils ? Un émirat islamiste à Ghaza ? Dans ce territoire étroit ? Qu'ils le fassent et Israël enverra ses F-16 pour décimer tout le monde sans distinction, dans la ville et dans les camps », s'emporte notre témoin. « Nous avons fini par être encore des réfugiés sur notre propre terre », lâche-t-il.