« Le personnage de Pablo Neruda, dont nous rappelons le souvenir, représente l'essence des valeurs de la société chilienne, tels que l'engagement, la conséquence, la solidarité, l'amour de la patrie, etc. » « Bien des choses m'ont tant appris / elles ont vécu avec moi la moitié de ma vie / (…) / elles mourront avec moi la moitié de ma mort. » C'est un des passages poétiques du prix Nobel de littérature chilien Pablo Neruda (1904-1973, de son vrai nom Neftalí Ricardo Reyes Basoalto), qui accompagnent l'exposition de photographies immortalisant des moments de sa vie et réalisées par son ami artiste photographe Luis Poirot et que lui consacre le musée Zabana. Cette manifestation, prévue pour une semaine, est organisée sous l'intitulé « portrait d'une absence ». Cette exposition a été inaugurée mercredi par le directeur du musée, M. Hadj Meshoub, en présence de l'ambassadeur du Chili, son excellence Pablo Romero, qui a prononcé un discours d'ouverture avant de procéder à une visite guidée des tirages exposés pour éclairer certains détails concernant l'homme de lettre, auteur de « Chant général », et engagé pour le socialisme dont son attachement à sa maison de Isla Negra devenu un musée, au même titre que ses deux autres résidences à Santiago et à Valparaiso. « Le personnage de Pablo Neruda, dont nous rappelons le souvenir, représente l'essence des valeurs de la société chilienne, tels que l'engagement, la conséquence, la solidarité, l'amour de la patrie, etc. C'est pourquoi il est toujours vivant dans la conscience collective de notre peuple », note l'ambassadeur du Chili qui rappelle les positions du poète contre le colonialisme et pour l'autodétermination des peuples. Troubadour Il paraphrase l'écrivain Jorge Edwards qui pense que Neruda est passé de « poète de l'amour » (tel que représenté dans le film le facteur), pour devenir troubadour de la société, de l'histoire et de son époque, en considérant que sa plus grande œuvre reste « Hauteurs de Machu Pichu. » Le contenu de l'exposition montre un homme attaché à sa culture et ses symboles mais ouvert au monde avec par exemple les portraits d'écrivains américains qu'il aimait et qu'il garde sur son bureau mais aussi par le fait d'avoir adopté un pseudonyme en hommage à un poète tchèque du 19ème siècle, Jan Neruda. Le diplomate chilien explique que Pablo Neruda, fils de cheminot, était fasciné par la mer, d'où l'acquisition d'un petit bateau garé dans son jardin, pas très loin de la plage de l'ile Isla Negra et sur lequel il invite ses amis mais sans mouiller. Son attachement à la mer se vérifie par l'incroyable collection de figures de proue de bateau divers, souvent des figurines féminines qu'il garde jalousement avec ses livres et ses objets anodins représentant la vie quotidienne et d'où, dit-on, il puise le gros de son inspiration. Un tirage montre les traces de passage de l'armée dictatoriale de Pinochet, qui ont défoncé sa porte. Des graffitis apposés sur la haie délimitant sa modeste propriété par des anonymes évoquent également le sombre épisode de la dictature chilienne et « l'assassinat de son peuple. » Lors de cette cérémonie caractérisée par la présence du consul général de France à Oran, des poèmes sont lus directement en espagnol, d'autres en arabe repris dans la traduction de Rabéa Djalti. Des extraits de textes et des expositions d'ouvrages du poète accompagnent ces photographies qui devront circuler dans les prochaines semaines dans 20 wilayas du pays.