Louable initiative que la conférence-débat organisée conjointement, jeudi dernier, au palais El Menzah, par l'association des Amis de la rampe Louni Arezki (ex-Valée) et de Sidi Abderrahmane et l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés. Des initiateurs qui ont mis sous les feux de la rampe le patrimoine immatériel, la medersa, construite en 1904, selon les plans de l'architecte Henri Petit. Une institution liée, il va sans dire, au parcours intellectuel de l'érudit Mohamed Bencheneb qui prodigua son savoir aux élèves de l'école Brahim Fateh (1892), puis aux medersiens publics, avant que sa notoriété ne prenne plus tard de l'épaisseur au sein des aréopages. D'abord, en 1920, où l'Académie des sciences de Damas l'élit membre dans son cénacle, puis en 1924, lorsqu'il lui est confié une chaire dans la grande faculté des lettres d'Alger, non sans être nommé la même année membre actif de l'Académie des sciences coloniales, à Paris. Polyglotte (arabe, français, hébreu, persan, espagnol, italien, etc.), le cheikh entreprend de nombreux travaux de recherche dans les domaines de la littérature et de la poésie arabe, des sciences de la religion musulmane, de la pédagogie et bien d'autres disciplines relatives aux sciences humaines. Il lègue un fonds riche d'une cinquantaine d'ouvrages, dont un traité de métrique arabe, Tohfat El Adab. Il n'est pas superflu de rappeler, par ailleurs, la place privilégiée qu'occupent dans le langage des hommes les proverbes. A ce titre, il y consacra trois tomes regroupés dans un pavé de 1000 pages sous le titre Proverbes de l'Algérie et du Maghreb qui reflètent on ne peut mieux l'histoire d'une civilisation et les idées en mutation. Parcours atypique et œuvres foisonnantes d'un homme éclectique, dont la plaque toponymique baptisée en son nom le long de l'artère ex-Marengo porte, faut-il souligner, de fausses indications. Un couac révélateur qui n'est pas sans donner un pincement au cœur. C'est désolant, voire méprisant d'entretenir une aussi grosse bourde : les dates de naissance et de décès de celui qui fut le correspondant de l'Orientaliste Godera et Taymour Pacha, le disciple de René Basset, Fagnan et du cheikh Abdelhalim Bensmaya, sont erronées. Quant à la rue baptisée au nom du pionnier de la médecine algérienne contemporaine, l'ami de Victor Hugo, Mohamed Seghir Ben Larbey ou encore celle dédiée au professeur Mohamed Soualah, premier musulman à réussir en 1910 le prestigieux concours de l'agrégation dans l'enseignement, les plaques demeurent hélas muettes. Aucune indication. Au grand dam de la postérité.