« Ce qui s'est passé à Berriane est le résultat des tentatives de certains groupes pour s'enrichir, quel que soit le prix à payer », explique Ahmed Ouyahia. Ahmed Ouyahia, leader du Rassemblement national démocratique (RND), est revenu ce week-end lors de la réunion de la commission nationale de préparation du troisième congrès ordinaire du parti, tenue à Zéralda, sur les questions ayant marqué l'actualité ces derniers jours et en premier sur les événements de Berriane. Ce qui s'est passé dans cette région, a expliqué M. Ouyahia, est entre autres le résultat des tentatives de certains groupes pour s'enrichir, quel que soit le prix à payer. Faisant dans ce sens le rapprochement avec les incidents survenus récemment dans la ville de Chlef, l'ex-chef du gouvernement est persuadé que les personnes qui ont saccagé les bureaux de poste, les agences d'opérateurs de téléphonie mobile ainsi que la destruction de micro-ordinateurs des banques ne sont pas ces mêmes personnes qui revendiquent un toit. « Je ne pense pas que ce soient les citoyens qui souffrent de problèmes de logement qui sont à l'origine des troubles et de pillages de biens publics et privés. Chaque partie est libre de faire sa propre lecture par rapport à ce qui s'est passé, mais en ce qui nous concerne, nous appelons les habitants de ces régions à la retenue et à éviter la violence », a indiqué M. Ouyahia. En affirmant sa peine suite à ces troubles qui ont causé la mort d'individus innocents, le chef de file du RND refuse de voir les choses sous l'angle de « qui est qui », « d'autant plus qu'il s'agit de problèmes sociaux résultant d'une décennie et demie de violences dans laquelle a grandi toute une génération, des problèmes que nul ne saurait nier », a-t-il déclaré en reconnaissant que de tout temps il y a eu des malentendus entre les citoyens des différentes communautés de Berriane, comme c'est le cas de toutes les régions du pays. Rompre avec la culture de la rente Toutefois, ces problèmes, selon l'orateur, ne peuvent mener ces citoyens qui ont vécu ensemble des siècles durant jusqu'à s'entretuer. M. Ouyahia croit dur comme fer que ceux qui tirent les ficelles de ces émeutes ne sont autres que ceux qui s'opposent à un troisième mandat de M. Bouteflika. Sur un autre registre, et en réponse à une question sur le fait d'avoir été chargé par le premier magistrat du pays de le représenter lors de récentes rencontres internationales, M. Ouyahia ressassera sa phrase fétiche, à savoir qu'il est redevable à l'Algérie qui a fait de lui un cadre. « L'équipe gouvernementale renferme des compétences, mais il est de mon devoir de répondre présent lorsque mon pays me sollicite, et rendre service à mon pays et au président de la République est un devoir qui incombe à tous les Algériens », a avancé le patron du RND. S'agissant de la révision de la Constitution et du silence qui entoure ce dossier ces jours-ci, M. Ouyahia s'est réjoui d'affirmer que son parti n'a jamais fait dans le vacarme excessif. « Nous restons fidèles à notre position et estimons que seul le président peut se prononcer au moment opportun sur cette question », a-t-il précisé. Concernant l'initiative du parti de Bouguerra Soltani, quant à la révision du code pénal, notamment l'article portant sur la sanction des imams, M. Ouyahia a rejeté cette proposition, ajoutant que « même si les élus du RND proposent une telle révision, elle sera rejetée dans sa globalité ». Le parti qualifie cette démarche de manœuvre politicienne. « Il est inconcevable d'assimiler la dépénalisation de la presse, une revendication qu'il faut soutenir, à la dépénalisation de ceux qui squattent une fonction d'imam sans qualification préalable, dans des salles de prière non officielles. Le passé proche nous a démontré que ces lieux ont servi de propagande au terrorisme », a souligné M. Chihab. Par ailleurs, à l'ouverture des travaux de la commission, M. Ouyahia a affirmé jeudi à Alger que son parti milite pour la réhabilitation du travail et le changement des mentalités envers la question du développement économique et social. Les Algériens, suggère M. Ouyahia, doivent impérativement rompre avec la culture de la rente et se mettre davantage au travail pour une meilleure exploitation des moyens. « La richesse pétrolière du pays ne durera pas éternellement, même si elle a favorisé une situation économique confortable », a estimé M. Ouyahia. Celui-ci ne nie pas que les avancées réalisées n'auraient pu se concrétiser sans les recettes des hydrocarbures. Mais cela, de son avis, ne doit pas nous faire oublier notre grave dépendance envers l'extérieur, y compris pour garantir la nourriture de la population. Mettant l'accent sur l'importance de la réhabilitation du travail, le SG du RND a indiqué que c'est cela qui améliorera les revenus et le pouvoir d'achat de la population en général. En outre, la commission nationale a arrêté la liste des neuf précongrès régionaux, et adopté le règlement intérieur destiné à régir les travaux de ces précongrès. La commission est composée de 150 membres.