Les exploitants libres de stations-service dites GL (gestion-location) sont mécontents. A leur demande de changement de statut de « gérant libre » par un autre régime portant « concession d'exploitation », la société Naftal, filiale à 100% du richissime groupe Sonatrach, et le ministère de tutelle, opposent un niet catégorique. « La source de nos maux est le statut de gérant libre que nous rejetons carrément. Naftal dit que nous sommes ses partenaires alors qu'on est considérés comme des intrus. Nous réitérons notre demande pour bénéficier de la concession d'exploitation des stations-service que nous gérons depuis belle lurette. C'est une solution consensuelle. On n'a pas de caprices. Nous n'avons aucune intention de devenir des propriétaires », souligne Hamid Ayouaz, porte-parole de la Fédération nationale des exploitants libres de stations-service, lors d'un point de presse tenu hier à la Maison de la presse Tahar Djaout. Après bien des démarches et des sollicitudes infructueuses au demeurant, auprès de la direction de Naftal, ces exploitants s'adressent, derechef et ultime recours, à l'arbitrage du président de la République. « Nous sommes convaincus de la justesse de notre cause », ajoute M. Ayouaz. Rappel d'un conflit vieux de deux ans et source de frictions. Affirmant que l'actuel statut maintient la corporation dans la précarité, M. Ayouaz justifie la demande des gérants pour un changement de statut par la promulgation de la loi portant cession des biens de l'Etat dans les années 1980. Une cession qui a touché, selon ses dires, les secteurs de l'agriculture et des mines. « Nous avons déjà introduit une demande dans ce sens, rejetée malheureusement. On nous disait que nous constituons une exception à la règle », se souvient-il. Le conférencier, outré, regrette également l'attitude des responsables de la société Naftal et ceux du ministère de l'Energie et des Mines, lesquels ont recouru, soutient-il, à un « habillage technico-juridique » qui « consistait en une interprétation linéaire, orientée et sciemment biaisée de l'ordonnance 1968 relative à la nationalisation du secteur de la distribution et à l'instauration du monopole de l'Etat par l'entremise de Sonatrach ». En clair, les responsables de ladite fédération rejettent en bloc les assertions de Naftal selon lesquelles les stations-service sont du monopole de Sonatrach, non concernées par aucune cession. Non convaincu par cette affirmation, M. Ayouaz développe un autre argument. « Naftal dispose de 11% des capacités globales de stockage et 9% des parts du marché. Dès lors, on se demande quelle serait l'incidence sur cette filiale, si ce n'est lui consacrer la totale exclusivité de nos approvisionnements en ces produits et le maintien de tous les attributs commerciaux », suggère-t-il. Autre révélation de taille : le nombre des stations-service dites GL – 400 actuellement – est en train de se réduire comme une peau de chagrin en vue de répondre à l'implantation de projets urbains. A en croire M Ayouaz, environ 13 stations-service gérées par des exploitants libres ont été rasées ou en cours de destruction à Alger, 4 à Sétif, 5 à Constantine, 2 à Tlemcen et autant à Maghnia. De ses destructions, seule la filiale Naftal a eu droit à des indemnisations alors que ces mêmes exploitants se « trouvent dramatiquement dans le dénuement le plus complet », déplore-t-il.