Les exploitants libres des stations-service dites GL reviennent à la charge. Ils réitèrent leur demande de «concession d'exploitation» sur ces stations, avec un droit de jouissance qui leur garantit la protection juridique, assurant toutefois les pouvoirs publics qu'ils n'ont aucunement l'intention d'accaparer les biens de l'Etat. Regroupés au sein de la Fédération nationale des exploitants libres de stations-service, représentée par son porte-parole, M. Hamid Ayouaz, ces exploitants affirment leur rejet total de la formule «location-gérance», appelée également «gérance-libre», «étant synonyme de précarité», selon leurs propres dires, lors d'une conférence de presse organisée hier à la maison de la presse «Tahar Djaout» à Alger. M. Ayouaz estime que leur demande de «concession d'exploitation» est tout à fait juste et acceptable, jugeant la réponse de l'entreprise commerciale Naftal –qui argue que les stations-service GL ne sont pas versées au domaine public et par conséquent, la demande des exploitants irrecevable- infondée. Les exploitants de ces stations persistent et signent : «Ces stations-service sont des biens de l'Etat, et notre demande de concession d'exploitation est réalisable.» Une demande d'autant plus justifiée que «nous existions avant l'avènement de Sonatrach et de Naftal. Ces stations nous ont été octroyées dans le cadre très spécifique du recasement des moudjahidine et des veuves de chouhada. C'est une décision politique. La plupart de nous y travaillent depuis plus de 40 ans […]». Et les membres de la fédération de s'interroger : «Que représente ces stations si ce n'est 11% des capacités globales de stockage et 9% de parts de marché ?» M. Ayouaz rappelle, par la même occasion, que les exploitants des stations-service dites GL ne sont pas les premiers à demander cette formule de concession d'exploitation : «Cette formule a été déjà appliquée dans le secteur des mines et de l'agriculture.» Pour faire montre de leur bonne foi, les demandeurs de la «concession d'exploitation» sur ces stations-service GL affirment leur entière disposition à travailler exclusivement avec Naftal –n'acheter que le produit Naftal- même après la libéralisation du secteur. Avant de terminer leur rencontre avec la presse, les membres de la fédération attirent l'attention sur un problème qui touche de plus en plus d'exploitants libres de ces stations. Un problème qui a été à l'origine de la paralysie de certains d'entre eux, voire le décès, suite à un choc émotionnel. Il s'agit de la démolition, parfois sans préavis, de stations qu'ils occupent depuis de longues années. «Il est décédé sur le champ. Il n'a pas supporté la mauvaise nouvelle de la disparition de sa station. Une station devenue aujourd'hui un parking que des jeunes exploitent de façon illégale», rapporte M. Ayouaz. Un autre a perdu, selon les dires du conférencier, l'usage de la parole. M. Ayouaz interpelle les pouvoirs publics pour l'indemnisation de l'ensemble des gérants ayant perdu leur station. Non sans dire le fond de sa pensée sur le devenir de ces stations : «Les stations disparues ou en voie de disparition occupent des sites stratégiques dans toutes les grandes villes du pays. Les assiettes de terrain qu'elles occupent sont d'une valeur inestimable […] L'enjeu n'est pas commercial, il est foncier.» K. M.