L'organisation laisse entendre que la loi sur les hydrocarbures ne saurait refuser le bénéfice de la concession “à des citoyens 100% Algériens”. La Fédération nationale des exploitants libres de stations-service vient de réitérer sa demande de concession, en s'appuyant sur les largesses accordées aux compagnies étrangères par la loi sur les hydrocarbures. “Nous considérons que notre demande de concession n'est pas exorbitante, au regard des larges motivations qui la sous-tendent et des strictes conditions qui l'encadrent”, relève-t-elle dans un communiqué parvenu à la rédaction. La fédération, affiliée à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), rejette ainsi “une solution basée sur un contrat”, et qualifie l'idée de dénouement de la crise par le ministère de tutelle de “surréaliste”. Réagissant aux sorties médiatiques de responsables de Naftal et du ministère de l'Energie et des Mines, les représentants fédéraux apportent “des démentis catégoriques étayés par des documents” sur la relation contractuelle avec Naftal. En réponse à la lettre de la direction générale de cette entreprise, datée du 26 décembre dernier, portant sur les amendements du contrat la liant aux gérants des stations-service, ils déclarent que les pourparlers Naftal-exploitants sont achevés, puisque “le contrat finalisé de juin 2005 constituait la position formalisée de l'entreprise à l'égard de nos propositions”. Aussi, contestent-ils l'existence d'une mouture de contrat, “conjointement élaborée et approuvée dans le fond et dans la forme”. L'UGCAA, par la voix de sa fédération, remet donc en cause les modifications du “nouveau contrat-fantôme”, relatif à la location-gérance, la clause sur le décès de l'exploitant et la durée du contrat, de même qu'aux accessoires automobiles sans l'autorisation préalable de Naftal. En réaction aux promesses de rénovation et de modernisation, pour la période 2006-2011, la fédération invite les pouvoirs publics à contrôler l'argent public : “Les pouvoirs publics ont un devoir de contrôle a posteriori et les exploitants libres un droit de savoir sur l'usage des montants considérables de la RG (redevance de gestion, ndlr), originellement destinés à l'entretien et la rénovation des stations-service.” Elle n'apprécie pas également l'“allégation tendancieuse” des gestionnaires de Naftal, ayant fait part de la signature de 311 exploitants sur 355, considérant que le but recherché est “l'affaiblissement” de la corporation. Des arguments sont, par ailleurs, avancés pour convaincre de la faisabilité de la concession. Pour l'instance de l'UGCAA, les textes concernant la propriété des stations-service font partie d'“un choix idéologique, concrétisé par la procédure de nationalisation”, c'est-à-dire d'une option devenue caduque après “l'effondrement des économies dirigistes”. D'où l'interrogation, par les initiateurs du communiqué, autour de “la pertinence de la survivance anachronique d'un arsenal réglementaire”, dans un contexte national marqué par de “nouvelles orientations politico-économiques”. “C'est aux textes de s'adapter aux réalités actuelles et non l'inverse”, notent-ils, avant d'établir une nuance “fondamentale” dans l'acte de la nationalisation, entre l'Etat algérien et Sonatrach, qui est une entreprise économique et “non pas une émanation de l'Etat”. Sur cette optique, la fédération rejette l'argument du transfert de propriété de Sonatrach vers Naftal, estimant que c'était en réalité un “transfert d'un droit de jouissance”. “Si Naftal nous apporte la preuve irréfutable — et non sa propre interprétation alambique des textes — que l'intégralité des compagnies étrangères nationalisées ont été rachetées ou indemnisées par la seule Sonatrach, nous cesserons définitivement toute controverse, quant à sa qualité de propriétaire des stations-service dites GL”, déclare-t-elle néanmoins. Sans pour autant abandonner sa revendication de concession, en laissant entendre que la loi sur les hydrocarbures ne saurait refuser le bénéfice de la opération “à des citoyens 100% Algériens”. H. Ameyar