Le président de la Chambre nationale de l'agriculture (CNA), Mohamed Chérif Ould El Hocine, est en colère contre la Banque de l'agriculture et du développement rural (Badr). Intervenant hier, à l'émission hebdomadaire « Fi El Wadjiha » de la Chaîne I de la Radio nationale, M. Ould El Hocine considère que ladite banque ne joue pas à fond le jeu de l'investissement dans le secteur agricole. « La Badr fait dans la sélectivité dans le traitement des dossiers (…). Elle est devenue purement une banque commerciale », s'est-il offusqué. Les garanties que la Badr, créée en 1982, exige des agriculteurs, ajoute-t-il, pour bénéficier des prêts et autres crédits sont difficiles à satisfaire. « Malgré la décision prise par le chef de l'Etat d'effacer les dettes des professionnels agricoles estimées à 1400 milliards de centimes, de nombreux agriculteurs se trouvent toujours dans l'impossibilité de présenter des garanties sur le foncier », rappelle-t-il, en suggérant un changement au niveau de la Badr pour une meilleure implication dans l'investissement. Même les autres banques sont fermées, déplore-t-il encore. Quid de l'apport de la Caisse nationale de la mutualité agricole (CNMA). L'invité de la radio estime que cette caisse dispose de potentialités limitées qui ne lui permettent pas d'accompagner les desiderata de la corporation. M. Ould El Hocine insiste sur la nécessité « d'impliquer et surtout de responsabiliser chaque partie » pour assurer le décollage de la filière agricole. Sur un autre chapitre, le président de la CNA soutient que l'apport de la production nationale agricole au PIB est estimé à 9,5 milliards de dollars. Une production nationale qui, il faut le rappeler, n'arrive toujours pas à couvrir les besoins croissants da la population. Selon lui, les deux tiers de la consommation alimentaire sont assurés par la production nationale. A en croire la direction des Douanes, citée par M. Ould El Hocine, l'Algérie importe l'équivalent de 4,8 milliards de dollars de céréales, de café, de sucre et d'huiles végétales. Tirant quelques motifs de satisfaction du fait que les Algériens consomment la production locale en légumes, le premier responsable de la CNA juge que l'importation n'est pas un « complexe ou une tare ». « Il n'y a aucun pays dans le monde qui a assuré son autosatisfaction en produits céréaliers et laitiers », argue-t-il. S'agissant de la hausse des prix des produits alimentaires sur le marché national, il stigmatise l'action répréhensible des spéculateurs et des intermédiaires dans le circuit de vente en sus du contexte mondial caractérisé, à ses yeux, par une demande accentuée de l'Inde et de la Chine et une hantise de la rupture de la production alimentaire. « Dans ce contexte, les agriculteurs sont les premiers perdants », note-t-il, avant de révéler que le gouvernement compte fixer des prix référentiels pour la vente des céréales qui permettront aux agriculteurs de « respirer ». Par ailleurs, l'orateur a nié l'information selon laquelle la rupture de stock de céréales interviendrait dans 15 jours en rassurant sur la suffisance des stocks jusqu'à la fin de l'année. Interpellé sur le « fiasco » de l'opération portant acquisition de 145 000 vaches laitières pour sortir la filière du « gouffre », l'hôte de la Chaîne I rappelle que le cheptel existant sur le marché international ne répondait pas à la demande algérienne. « Les capacités de certains pays étaient limitées, alors que le cheptel dans d'autres pays est atteint de maladies redoutables », explique-t-il la volte-face du gouvernement. M. Ould El Hocine espère que les maux du secteur agricole trouveront leurs solutions à travers les lois d'orientation agricole et foncière qui seront incessamment présentées au Parlement.