Dans les marchés d'Alger, la pomme de terre joue toujours au gros légume. Elle y est proposée à partir de 65 dinars le kilogramme.Malgré des importations massives du tubercule, son prix reste toujours inaccessibles pour de nombreux ménages, particulièrement les petites bourses. Pour le président de la Chambre nationale d'agriculture (CNA) M. Cherif Ould Hocine, la crise de la filière pomme de terre interpelle les plus hautes autorités du pays. Dans un entretien accordé au confrère El Watan , le président de la CNA accuse le gouvernement de n'avoir pas fait le nécessaire pour soutenir l'agriculture algérienne et tous les problèmes du secteur sont dûs au "désintéressement que porte le gouvernement à la cause agricole" "Nous n'avons pas de laboratoires spécialisés pour produire de la semence parce qu'on n'a jamais voulu investir dans ce domaine" a t- il déclaré. Pour Chérif Ould Hocine , la crise de la filière pomme de terre a démontré finalement que l'Algérie ne disposait pas d'une véritable politique agricole. Car le plan national de développement agricole (PNDA) lancé en 2000 a été salutaire pour le pays, mais c'est un plan qui ne dure pas. Puisqu'il a montré ses limites. Il faut donc une vision globale. Aujourd'hui plus que jamais, l'agriculture doit avoir tous les égards, dira le président de la CNA, et d'ajouter : "Personnellement, j'interpelle le chef de l'Etat pour l'organisation d'une conférence nationale sur l'agriculture, car la crise que connaît notre agriculture est un problème qui interpelle tout le monde". Une stratégie ou une politique agricole qui impliquera tous les secteurs d'activité, pas seulement le ministère de l'Agriculture. On ne s'intéresse donc pas assez à l'agriculture. Les pouvoirs publics lésinent sur les moyens , selon Chérif Ould Hocine. Un secteur aussi vital que l'agriculture bénéficie seulement de 3% du budget national, regrette ce dernier. Ce secteur emploie pourtant plus de 25% de la main-d'œuvre active. Il a créé, en 10 ans, 1 million d'emplois et contribue au PIB pour près de 10 milliards de dollars. "Y a-t-il une volonté de booster le secteur agricole dans ce pays ?" s'est demandé le président de la CNA. "L'Algérie a tous les moyens pour réussir une politique agricole. Le seul problème qui se pose aujourd'hui, c'est le fait qu'il n'y a pas de décision politique", a déploré M. Ould Hocine et de poursuivre "En tant que président de la chambre nationale, je m'offusque aujourd'hui quand je vois les transformateurs de la poudre de lait, qu'on appelle aujourd'hui les producteurs, réclamant de l'argent qui, en principe, devrait aller au soutien de la production nationale".En effet, le problème du lait dans ce pays ne pourra pas être résolu en s'appuyant seulement sur les importations. C'est tout à fait clair. Il y a des capacités locales qu'il faut mettre à l'épreuve pour régler définitivement le problème dans les quatre ou cinq années à venir. Par ailleurs, le président de la CNA a tenu à citer un exemple très concret de l'incohérence qui règne au sein des pouvoirs publics. "Le chef du gouvernement a donné instruction au ministre de l'Agriculture de faire entrer 50 000 vaches laitières. Jusqu'à aujourd'hui, aucune vache n'a été ramenée. Et pour cause, la Badr et d'autres banques refusent de soutenir le secteur de l'agriculture" dit -il. Pour Cherif Ould Hocine, il y a seulement deux choix pour l'Etat : soit continuer à importer les produits alimentaires pour ce peuple ou les produire localement.