Le président de la CNA déclare “ne pas comprendre pourquoi les banques hésitent toujours à soutenir l'investissement agricole, alors qu'elles sont en surliquidité”. Le président de la Chambre nationale de l'agriculture, Mohamed-Chérif Ould El-Hocine, a appelé hier à une plus grande implication des banques dans l'investissement agricole pour impulser une véritable relance du secteur. Dans une rencontre avec la presse à la veille de l'assemblée générale de la CNA, M. Ould El-Hocine a estimé que le secteur a besoin de quelque 10 milliards de dollars pour assurer sa relance. Il a cependant précisé que cet apport ne devrait pas venir uniquement de l'effort que consent l'Etat pour soutenir le secteur, mais aussi et surtout des institutions financières qui doivent, selon lui, encourager ce type d'investissements en accordant des facilitations pour les crédits. “On a tout construit sur les finances de l'Etat, alors que le système bancaire a tout à gagner à soutenir les activités agricoles qui recèlent des potentialités énormes”, souligne le président de la CNA qui déclare “ne pas comprendre pourquoi les banques hésitent toujours à soutenir l'investissement agricole, alors qu'elles sont en surliquidité”. M. Ould El-Hocine a également appelé les banques à comprendre les spécificités des différentes filières qui composent le secteur agricole. Il a également annoncé que l'Etat serait sur le point d'intervenir pour sauver la Caisse nationale de mutualité agricole, défendant le principe de protectionnisme de l'économie agricole “comme le font, insiste-t-il, les pays européens et les USA”. Le président de la Chambre s'est étalé hier sur les obstacles qui continuent de se dresser devant une véritable relance du secteur agricole, mettant notamment en avant le problème du vieillissement de la population des agriculteurs dont plus de la moitié a plus de 50 ans. Sur 806 271 agriculteurs inscrits à la CNA, 431 000 ont dépassé les 50 ans. Le président de la CNA plaide pour une politique de rajeunissement de cette population, appelant les autorités à mettre en place des instruments visant à inciter les jeunes à intégrer le secteur agricole. “Nous avons des propositions dans ce sens. Nous allons les soumettre aux pouvoirs publics”, a-t-il indiqué. Le président de la CNA a, par ailleurs, souhaité que les pouvoirs publics puissent aider à régler le problème de la protection sociale des agriculteurs qui ne sont, d'après lui, que 5% à être affiliés au régime des assurances sociales. Pourtant, l'affiliation à l'une des caisses d'assurance constitue une des conditions posées par les banques pour la délivrance des crédits bancaires. Une condition qui, en fin de compte, selon M. Ould El-Hocine, a été éliminée suite à des plaintes des agriculteurs intéressés par l'accès au système RFIG de financement mis en place par les pouvoirs publics pour la présente campagne de la filière céréalière. Ce régime sans intérêt a attiré, d'après le président de la CNA, quelque 8 000 demandes de crédit dont environ 6 000 ont été satisfaites et le reste suit son cours. Il a, par ailleurs, appelé à une plus grande intégration du secteur de l'agroalimentaire pour la prise en charge des surplus de production agricole. “On a discuté avec les responsables du Forum des chefs d'entreprise (FCE) des potentialités qu'offre le secteur agricole pour l'industrie de la transformation. Des partenariats ont vu le jour entre des agriculteurs ou des éleveurs avec des industriels de l'agroalimentaire”, nous apprend-il. Interrogé à propos de la campagne céréalière, le président de la CNA a estimé que les niveaux de précipitations enregistrés jusqu'ici augurent d'une année exceptionnelle. “Pourvu que ça continue”, espère-t-il. L'assemblée générale de la Chambre se tiendra donc aujourd'hui, et l'ouverture des travaux sera assurée par le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa. H. Saïdani