Le réalisateur américain Sydney Pollack, qui est décédé lundi à l'âge de 73 ans, mondialement connu pour son adaptation du roman de Karen Blixen Out of Africa en 1986, a souvent raconté des histoires d'amour sur fond d'exotisme et de conscience sociale. Catalogué comme le dernier des grands metteurs en scène romantiques, Sydney Pollack a dirigé des dizaines de stars hollywoodiennes, telles que Robert Redford (sept fois), Paul Newman (deux fois), Meryl Streep, Barbra Streisand, Dustin Hoffman, Harrison Ford, Tom Cruise... mais il a également été acteur (pour Woody Allen ou Robert Altman) et producteur. Né le 1er juillet 1934 à Lafayette, dans l'Indiana, fils de pharmacien, il pense d'abord devenir dentiste. S'il a commencé par faire de la boxe, tondre les pelouses à South Bend et livrer des journaux à New York, il rentre dans la profession en suivant des cours d'art dramatique. C'est là que commence son brillant parcours dans l'usine du rêve : réalisateur, acteur, producteur… son parcours est sans faute, mais reste attaché aux années 70, la décennie, où il a signé ses meilleurs films et où son œuvre, marquée par le désenchantement et la mélancolie, touchait au sublime : Les 3 jours du Condor, formidable polar paranoïaque, incroyable mélo et déclaration d'amour aux livres ; Yakuza, thriller géopolitique, Jeremiah Johnson, western écolo ou encore On achève bien les chevaux, génial marathon social… Nominé à l'oscar du meilleur réalisateur pour Tootsie en 1982, il obtient la prestigieuse récompense en 1986 pour Out of Africa (tourné en 1985), considéré par beaucoup comme le chef-d'œuvre de sa vie, également récompensé par six autres statuettes dorées, dont celle de meilleur film de l'année. Ardent défenseur de l'individu et d'un certain lyrisme, Sydney Pollack, touché par l'échec commercial de Havana en 1990, se consacre alors à la production avec succès (Dead again, Présumé innocent, Raisons et Sentiments, Le talentueux M. Ripley...). Seul The firm (La firme) en 1993, avec Tom Cruise et Gene Hackman, tiré du best-seller de John Grisham, où il renoue avec l'un de ses thèmes favoris, la corruption, lui permet de retrouver le succès. Son dernier film en tant que réalisateur Esquisses de Franck Gehry (2005) est un documentaire sur l'architecte qui a notamment conçu le fameux musée Guggenheim de Bilbao (Espagne). Bien qu'ayant débuté à peu près à la même époque et parfois collaboré avec certains (Coppola, scénariste de Propriété interdite), Sydney Pollack n'aura jamais obtenu l'aura de ses quasi-contemporains inspirateurs/instigateurs du « Nouvel Hollywood », les George Lucas, Martin Scorsese, Brian De Palma, Steven Spielberg ou autres Francis Ford Coppola et il n'y a pas forcément de raisons objectives à ça. Ce grand nom du cinéma disparaît en laissant un héritage particulièrement riche. « Sydney rendait le monde un peu meilleur, les films un peu meilleurs et même le dîner un peu meilleur », a déclaré l'acteur George Clooney dans un communiqué cité par le magazine Variety.