Le maire socialiste de Paris a appelé, dans un livre-entretien, De l'audace !, paru cette semaine en France, à dire la vérité sur la période coloniale en Algérie. « Il ne s'agit pas de troc ni de marchandage. Il s'agit de la vérité et de l'histoire. Disons déjà toute la vérité pour ce qui nous concerne... C'est nous qui avons colonisé l'Algérie, ce ne sont pas les Algériens qui ont colonisé la France. Alors, disons-le et que chacun prenne ses responsabilités. Les choses évolueront ensuite », a déclaré Bertrand Delanöe au journaliste Laurent Joffrin qui a réalisé le livre publié chez Robert Laffont. Il dit rejeter le mot « repentance » utilisé par le président Nicolas Sarkozy et l'ensemble de la droite après la polémique suscitée par la loi du 23 février 2005 sur « les bienfaits de la colonisation », texte amendé depuis. « Je ne crois pas que le mot repentance convient (...). Pour ce qui concerne la colonisation du Maghreb et notamment là où elle a été la plus douloureuse, en Algérie, il faut simplement dire la vérité (...). Au delà des mots qui nous piègent — repentance, excuses, etc. —, dire la vérité suffirait. Dire la vérité, notre vérité et même notre vérité commune. Car elle est faite de domination, d'exploitation, de souffrance imposées aux colonisés en même temps que de liens culturels et affectifs que personne n'a envie de nier, pas plus les Algériens que les Français », a-t-il expliqué. D'après Bertrand Delanöe, qui nourrit des ambitions pour la présidentielle de 2012, la colonisation n'a pas empêché des individus de tisser des liens amicaux. « Regardez un Tunisien, un Algérien, un Marocain accueillant des Français nés là-bas : ce sont souvent des retrouvailles d'amitié. Enrico Macias n'est toujours pas retourné en Algérie. C'est encore difficile. Mais, enfin, les Algériens écoutent ses disques. Le lien est là. Il faut le préserver. Pour autant, le jugement de l'histoire est sans appel. La colonisation a été négative », a-t-il souligné. Récemment, l'ambassadeur de France en Algérie, Bernard Bajolet, a reconnu « la très lourde responsabilité des autorités françaises » dans les massacres du 8 mai 1945. Cela n'a jamais été dit par le passé à un niveau officiel. « Le temps de la dénégation est terminé », a ajouté le diplomate.