Décidément, le passé colonial de la France continuera à hanter la conscience de ses hommes politiques et à susciter des discours et des polémiques autour de la question de la repentance. Hier, M. Bertrand Delanoë, maire de Paris et futur candidat à la présidence du Parti socialiste (PS), s'est demandé pourquoi la France ne parvenait toujours pas à franchir la si utile étape de repentance. Dans un livre intitulé De l'audace, à paraître aujourd'hui et dont le Nouvel Observateur a publié hier des extraits, M. Delanoë a évoqué la question de la repentance face aux crimes coloniaux. «Est-il si humiliant d'exprimer des regrets», s'est-il demandé. «En tout cas, ce qui me choque dans le propos de Nicolas Sarkozy, c'est que la repentance n'a été exprimée par la France qu'à propos de Vichy, le régime pétainiste pro-nazi. Pour ce qui concerne la colonisation au Maghreb et notamment là où elle a été la plus douloureuse, en Algérie, il faut simplement dire la vérité», a-t-il souligné dans son livre paru aux éditions Robert Laffont. Il rappellera que «l'ambassadeur de France en Algérie nous avait pourtant mis sur la bonne voie en allant reconnaître, en février 2005, les massacres de Sétif, qui ont fait tant de morts en 1945». Il a appelé à «dire la vérité, notre vérité et même notre vérité commune. Car elle est faite de domination, d'exploitation, de souffrance imposées aux colonisés en même temps que de liens culturels et affectifs que personne n'a envie de nier, pas plus les Algériens que les Français». «Le fait colonial reste ce qu'il a été : une domination illégitime et le plus souvent brutale, découlant d'intérêts économiques et militaires ou d'une volonté impérialiste», a ajouté le maire de Paris, soulignant encore que «le jugement de l'histoire est sans appel : la colonisation a été négative». M. Delanoë soulignera la nécessité pour la France de «dire la vérité» sur ses crimes coloniaux. «Si nous étions plus nets sur ces questions de colonisation qui nous font mal, les relations avec le Maghreb seraient moins douloureuses», a-t-il estimé dans un livre compilant une série d'entretiens avec Laurent Joffrin, directeur du journal Libération. «Disons toute la vérité, pour ce qui nous concerne [...] C'est nous qui avons colonisé l'Algérie, ce ne sont pas les Algériens qui ont soutenu la France. Alors disons-le et que chacun prenne ses responsabilités», a-t-il martelé, espérant que «les choses évolueront ensuite» car, selon lui, «les dirigeants algériens sont des personnes intelligentes». G. H.