Le ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier, a admis de manière «quasi officielle» la responsabilité historique de son pays dans les massacres du 8 Mai 1945. Le premier responsable de la diplomatie française a, à ce propos, évoqué la nécessité d'un travail de mémoire. Dans un entretien accordé à notre confrère El-Watan, Barnier a révélé que «ce travail de mémoire est un objectif qui doit se retrouver dans le traité d'amitié en préparation». Signe que l'on n'est pas loin d'une reconnaissance officielle de la France des crimes commis par l'armée coloniale. Le ministre français a également appelé à «surmonter les pages les plus douloureuses». Pour Michel Barnier, «il est essentiel pour construire un avenir commun que nous arrivions à examiner ensemble le passé afin d'en surmonter les pages les plus douloureuses pour nos deux peuples». Il a par ailleurs, appelé à «encourager la recherche des historiens, de part et d'autre, qui doivent pouvoir travailler ensemble, sereinement, sur ce passé mutuel». Soutenant la démarche entreprise par l'ambassadeur de France, Hubert Colin de Verdière, il a clairement affirmé que la position du diplomate en poste à Alger était «celle des autorités françaises». C'est dire donc «toute l'importance que nous attachons au travail de mémoire dans nos relations avec l'Algérie, pays proche et ami», a-t-il affirmé. De son côté, le maire de Paris, M. Bertrand Delanoë, qui s'est déjà exprimé sur le sujet, lors de sa visite à Alger, a réitéré hier les mêmes propos. «Le 8 Mai 1945 c'est la liberté de l'Europe, de la France» mais «c'est un autre souvenir historique et extrêmement douloureux. C'est mai 1945 à Sétif», a déclaré le maire de Paris. «On a parfois oublié dans la vérité historique que des milliers, des dizaines de milliers viennent d'Afrique, d'Afrique du Nord, des Antilles et toutes ces personnes, au-delà de leurs différences, de la couleur de la peau, de la religion, de l'origine, ont tout fait pour qu'aujourd'hui la France soit libre», a indiqué à la presse le maire de Paris à l'issue d'une cérémonie de dépôt de gerbes de fleurs devant une plaque commémorative apposée au quai Henri IV à Paris, et qui rappelle le sacrifice de milliers de combattants, dont des Algériens, des Marocains, des Tunisiens, des Sénégalais engagés aux côtés des forces françaises pour défendre la France contre le nazisme. M.Delanoë a relevé que «si nous disons un merci sélectif, nous trahissons le message de cette liberté qui a été chèrement acquise». «Et puis, parce que l'histoire est le courage de la vérité, c'est le seul moyen d'être debout tous ensemble, car le 8 Mai 1945 c'est la liberté de l'Europe, de la France. C'est un autre souvenir historique extrêmement douloureux. C'est mai 1945 à Sétif, l'insurrection pour demander la liberté, l'indépendance de l'Algérie, suivie d'une répression, d'une force, d'une violence, d'un aveuglement qui ont fait des dizaine de milliers de morts parmi les Algériens», a-t-il souligné.