Le futur accord, baptisé Status of forces agreement (SOFA), est destiné à donner des bases légales à la présence de troupes américaines sur le sol irakien au-delà du 31 décembre. La conférence de Stockholm sur l'Irak, qui s'est achevée jeudi avec l'approbation unanime par acclamation d'une déclaration reconnaissant les efforts de Baghdad pour combattre la violence et le terrorisme, serait-elle l'arbre qui cache la forêt ? La centaine de participants qui a dressé un rapport d'étape a parlé de sous, et plus généralement de la reconstruction de ce pays. Une projection donc sur l'avenir déjà en débat avec les Etats-unis. Quel type de rapport envisagent ces derniers avec ce pays, et de quelle manière ? Un problème vient en effet d'être soulevé, et il a trait à la présence américaine en Irak, une question déjà évoquée depuis le début de la guerre en mars 2003. Cette fois, le débat est ouvert suscitant d'ores et déjà de vives réactions aussi bien irakiennes que de l'Iran voisin. Face à cette levée de boucliers, le gouvernement irakien a souhaité que le futur accord sur la présence américaine en Irak qu'il négocie actuellement avec Washington, « ne nuise pas aux intérêts des Irakiens ». Ces négociations sur un accord « de coopération et d'amitié sur le long terme » entre l'Irak et les Etats-Unis ont débuté en mars et doivent fixer les futures relations entre les deux pays, en particulier la délicate question de la présence militaire américaine. « Le Premier ministre a informé les membres du Conseil de sécurité irakien de l'état des négociations en cours », soulignant « l'importance de cet accord » qui « ne doit pas nuire aux intérêts des Irakiens ». Présidé par le chef de l'Etat irakien, Jalal Talabani, « le Conseil de sécurité a discuté de tous les aspects (de l'accord), économique, politique, sécuritaire et militaire ». Le Conseil de sécurité a également examiné le travail des négociateurs irakiens, et « recommandé la poursuite des négociations (...) ». Le futur accord, baptisé Status of forces agreement (SOFA), est destiné à donner des bases légales à la présence de troupes américaines sur le sol irakien au-delà du 31 décembre, lorsque la résolution de l'ONU qui régit actuellement leur présence aura expiré. Il doit être signé d'ici le 31 juillet, selon une « déclaration de principes » décidée en novembre 2007 entre le président américain, George W. Bush, et M. Maliki. Cette « déclaration de principe » prévoit que les forces américaines en Irak ne seront plus placées sous un mandat des Nations unies après 2008, mais en vertu d'un accord bilatéral entre Washington et Baghdad. Un tel accord s'inscrirait dans ce que la Maison-Blanche a présenté comme un partenariat « stratégique » à long terme, comprenant aussi les relations politiques et diplomatiques, économiques ou culturelles. Selon une source proche du grand ayatollah Ali Sistani, plus haute autorité religieuse chiite du pays, le religieux a souhaité que « le gouvernement irakien informe le public avant de signer tout traité » avec les Etats-Unis. Ali Sistani estime que « si la majorité du peuple accepte cet accord, alors il pourra être signé », a expliqué cette source, dans la ville sainte chiite de Najaf. « Sur la teneur de l'accord lui-même, le grand ayatollah Sistani n'a fait jusqu'à présent aucun commentaire », toujours selon la même source. « Un tel accord va à l'encontre de l'islam », a jugé pour sa part un porte-parole du leader radical chiite, Moqtada Sadr. « Le mouvement Sadr a déjà exprimé son hostilité », a souligné ce porte-parole, Salah Al Obeïdi, lui aussi basé à Najaf. Son leader Moqtada Sadr a appelé les Irakiens à se mobiliser et à manifester chaque semaine contre le futur accord sur la présence américaine en Irak. Dans communiqué signé de sa main, Moqtada Sadr, adversaire acharné de la présence américaine en Irak et virulent opposant au Premier ministre chiite Nouri Al Maliki, met en garde contre un tel accord qui « ne serait pas dans l'intérêt des Irakiens ». Il appelle « tous les Irakiens à manifester chaque semaine, à l'issue de la prière du vendredi, jusqu'à nouvel ordre ou jusqu'à ce que l'accord soit annulé ». Il demande à « tous les hommes politiques, aux partis » et aux médias de se mobiliser, exigeant une nouvelle fois « le départ des troupes américaines ou un calendrier de retrait ». De son côté, un religieux conservateur iranien, l'ayatollah Ahmad Khatami, a dénoncé avec virulence ce traité : « Toute main qui signera un tel accord sera considérée par l'Iran comme un traître à l'islam, au chiisme et au peuple irakien », croyant même savoir que cet accord prévoit que les « forces américaines garderont sous leur supervision, pendant dix ans, les ministères de la Défense, de l'Intérieur et des Renseignements (...) et pourront avoir des prisons privées en Irak ». M. Khatami a ajouté que l'accord prévoit que les forces américaines pourront lancer des attaques à partir de l'Irak « contre tout pays qui soutiendra les groupes terroristes ». Le débat ne fait donc que commencer, et le risque est grand de voir l'Irak connaître une autre guerre.