Les propos des officiels américains, relatifs au déploiement de leurs forces en Irak, sont suivis avec un très grand intérêt. Il est question de retrait même étalé dans le temps, sans que l'on sache sur quelle durée, mais d'une manière générale on s'interroge davantage sur la concrétisation de cette promesse. Cette interrogation a été renforcée hier par le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, qui s'est dit en faveur d'une « courte » pause dans la réduction du contingent américain en Irak, après un retrait initial prévu pour juillet 2008. « Je crois que l'idée d'une brève période de consolidation et d'évaluation est probablement logique », a déclaré le responsable américain à des journalistes, à l'issue d'une rencontre de deux heures à Baghdad, avec le commandement américain en Irak, dont le plus haut gradé, le général David Petraeus. Une première réduction du contingent américain de 160 000 à 130 000 soldats a été annoncée et doit être achevée en juillet 2008. Le général Petraeus avait laissé entendre qu'il souhaitait un temps de réflexion après ce retrait initial. « Je dois dire qu'au fond de moi, je penchais également dans cette direction. Mais l'un des éléments-clés est de déterminer la durée de cette période et que faire après cela », a déclaré le secrétaire américain à la Défense. C'est la première fois que M. Gates se prononce aussi clairement sur ce sujet, particulièrement sensible, au moment où la campagne pour la présidentielle de novembre 2008 aux Etats-Unis est entrée dans une phase cruciale et que la conduite de la guerre en Irak y joue un rôle important. « La décision doit être encore évaluée et sera prise par le président George W. Bush », a ajouté M. Gates. Ce dernier est arrivé dimanche à Baghdad pour une visite surprise, alors que le général Petraeus devra émettre en avril une recommandation quant à une éventuelle poursuite du retrait des troupes américaines après juillet. « La situation en Irak continue d'être fragile mais le peuple irakien a la possibilité de se construire un avenir meilleur et plus prospère », a estimé le chef du Pentagone. Cinq soldats américains ont été tués vendredi en Irak dans deux attaques séparées. Ces décès portent à 3957 le nombre de militaires américains tués en Irak depuis le début de l'invasion américaine, en mars 2003. Quarante militaires américains ont trouvé la mort en Irak en janvier, contre 23 en décembre. Le rythme des attaques contre les troupes américaines à Baghdad s'est notablement accru au cours des dernières semaines. M. Gates a également indiqué qu'il avait discuté avec les responsables irakiens de l'accord- cadre stratégique sur l'avenir de la présence américaine en Irak, accord qui doit être discuté dès février entre l'Irak et les Etats-Unis. « J'ai eu un dîner très utile avec le général Petraeus et les responsables irakiens hier (dimanche) soir. Nous avons parlé de beaucoup de choses, des lois qui sont en préparation, de l'accord sur le statut des forces et des succès que nous avons remportés ici. » Les Etats-Unis et l'Irak doivent négocier un accord, baptisé « Status of forces agreement (Sofa) », qui permettrait de mettre en place un cadre formel légal laissant les différentes options américaines et irakiennes ouvertes, une fois terminé le mandat de la Force multinationale sous commandement américain en Irak. Le projet avait été évoqué il y a de cela quelques années, presque immédiatement dans la foulée de l'invasion américaine en mars 2003. Reste maintenant à savoir quand prendra fin le mandat en question ?