L'avenir de la présence militaire en Irak a pris, hier, une plus grande consistance avec la conclusion d'un accord, devant justement la régir. Très exactement, il s'agit d'un pacte, appelé Status of Forces Agreement (SOFA), en cours de discussion depuis des mois, mais par ailleurs objet de vives attaques de la part des Irakiens d'abord, et de l'Iran, le principal voisin de l'Irak, ensuite. Le contenu exact n'est pas encore connu, mais le texte parle explicitement de retrait. C'est pourquoi, et cela est cette fois clairement affirmé, le repli des troupes américaines n'est nullement lié à une échéance quelconque. Ainsi donc et en vertu de l'accord conclu hier, les troupes américaines auront quitté l'Irak à la fin de 2011, terme de l'accord de sécurité, négocié avec les Américains, qui doit être encore examiné par les plus hautes autorités irakiennes, a annoncé, hier, le chef des négociateurs irakiens. « A la fin de 2011, les troupes américaines se retireront d'Irak », a affirmé Mohammed Al Haj Hammoud, précisant que les négociations sur les 27 articles du pacte de sécurité irako-américain étaient achevées. « Il existe toutefois une clause stipulant que le retrait peut avoir lieu avant 2011 et que la présence peut être aussi prolongée après 2011 en fonction de la situation. C'est sur quoi les deux parties se sont mises d'accord », a-t-il ajouté. Les négociations sur la fin de huit ans de présence militaire américaine en Irak avaient commencé en février et devaient s'achever fin juillet. La complexité des questions et les divergences, notamment sur un calendrier de retrait des troupes américaines, ont retardé l'écriture du pacte. « Nous sommes très, très proches » d'un accord sur le Sofa, avait déclaré la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, en arrivant pour une visite surprise à Baghdad. « C'est un accord très sophistiqué. Nous avons fait preuve de flexibilité et l'Irak aussi », a précisé Mme Rice, lors d'une conférence de presse à l'issue de plus de trois heures d'entretiens avec le Premier ministre irakien, Nouri Al Maliki, et des membres du gouvernement. « C'est un accord important qui permettra à l'Irak et aux Etats-Unis de poursuivre leur coopération en établissant les fondations qui renforceront les acquis (...) Nous travaillons comme des partenaires et personne plus que les Etats-Unis n'est content de voir l'émergence d'une souveraineté irakienne », a-t-elle insisté. Son homologue irakien, Hoshyar Zebari, a abondé dans le même sens. « C'est la version la plus achevée de tous les Sofa signés entre les Etats-Unis et un autre pays. Les négociateurs américains ont montré une grande dose de flexibilité », a-t-il assuré à la presse. « Nous espérions conclure l'accord avant, mais cela a pris beaucoup de temps. Cependant, aujourd'hui, nous sommes très, très proches d'un accord », a-t-il ajouté. Un responsable militaire américain a indiqué, jeudi dernier, que son pays pourrait commencer à retirer ses troupes des villes irakiennes dès juin 2009, selon le dernier projet d'accord entre Washington et Baghdad. Ce responsable a indiqué que selon le projet d'accord, un retrait des forces américaines des villes irakiennes « pourrait intervenir dès le mois de juin, si les conditions le permettent ». Concernant un calendrier de retrait total d'Irak des troupes de combat américaines, il a seulement répété que les deux parties négociaient des « horizons temporels » et des « aspirations générales », en refusant de confirmer des informations de presse faisant état d'une échéance en 2011 dans le projet d'accord. Quelque 142 000 soldats américains se trouvent actuellement en Irak. Le Conseil de sécurité de l'ONU avait décidé en décembre 2007 de reconduire pour « la dernière fois » le mandat de la force multinationale jusqu'au 31 décembre 2008. Pour être validé, l'accord doit être approuvé par le Parlement irakien, qui reprend ses travaux le 9 septembre, puis ratifié par le Conseil présidentiel composé d'un kurde, d'un chiite et d'un sunnite. Le mouvement du leader radical chiite, Moqtada Sadr, bête noire des Américains, a appelé à des manifestations, jeudi, dans tout le pays contre la visite « suspecte » de Condoleezza Rice et répété son opposition à un accord à long terme entre Baghdad et Washington. Comment se fera alors cette ratification ? Le gouvernement irakien est bien entendu conscient que cela peut conduire à d'autresfractures.