L e poète Mohand ou Yehia s'en est allé dans la discrétion. Mohya est décédé mardi 7 décembre 2004, au soir dans la clinique parisienne Jeanne-Garnier d'une tumeur au cerveau. Une maladie qui le rongeait une année durant. L'auteur-traducteur Mohya est né aux Ouacifs dans les années 1940. Il quitta l'Algérie après ses études universitaires pour s'installer en France et y milita, à partir de 1973, au sein de l'Académie berbère (fondée par le défunt Bessaoud Mohand Arav). Dramaturge, poète et homme de culture, Mohand ou Yehia fut rédacteur du Bulletin d'études berbères et de la revue Tisuraf, publiés par le Groupe d'études berbères de l'université Paris-VIII. Ce monument de la culture universelle a traduit nombre de textes poétiques de Pottié, Nazim Hikmet, en sus de plusieurs traductions de la littérature universelle (Brecht, Jarry...). Il est connu dans les milieux berbéristes pour ses documents audio dans lesquels il brocardait le régime monolithique de l'époque. Des cassettes sonores (monologues), qu'il enregistrait lui-même, se faisaient passer sous le manteau entre initiés. Mathématicien, Mohia Abdellah, son vrai nom, laisse un héritage composé de pièces théâtrales (Tachvaylit, Sisnistri, Moh Terri...), de contes et de proverbes inédits. Amateur fin des cultures et littératures russe et chinoise, il ne cessait d'inonder les milieux estudiantins, du temps de la clandestinité, de ses textes engagés et politiquement incorrects. La célèbre chanson de Ferhat Imazighen Imoula Tahia Brazidène (viva président) était la sienne.