La famille Zegaoui souffre le martyre. Cette famille oranaise, vivant dans une précaire demeure à Aïn El Beïda, dans la banlieue sud-ouest d'Oran, ne sait plus à quel saint se vouer. Il y a 5 ans, la famille avait pourtant vécu un événement heureux : la naissance d'un charmant garçon. Aymen était alors né en excellente santé mentale et corporelle. Mais au fil des mois, son poids explose. A six mois, il pèse 16 kg et à 3 ans, la balance affiche déjà 65 kg ! Et à son 5e anniversaire, il pèse près de 80 kilos. Trop gros, cet enfant est souvent mal dans sa peau. Il souffre des regards et des moqueries des autres et vit complexé. Il est de fait victime d'une discrimination sociale. Il ne peut s'habiller ni se laver seul. Il souffre de troubles articulaires (genoux, hanches), de problèmes de peau (frottements, mycoses…), d'apnées du sommeil, qui le fatiguent, sans compter la souffrance psychologique qui l'accompagne. « Nous avons tout fait. Nous avons consulté plusieurs médecins, à Oran et à Alger, en vain. Aucun diagnostic n'a été établi quant à l'origine de son obésité. Tout ce que les pédiatres et autres spécialistes me disent à chaque fois, c'est que mon enfant, qui ne présente aucun autre symptôme pouvant expliquer son obésité, ne peut être soigné en Algérie », témoigne son père, Mokhtar, au chômage. Son obésité n'est pas héréditaire. Aucun membre de sa famille (maternelle et paternelle) n'est obèse. « Les médecins m'ont expliqué que Aïmen ne peut subir l'opération de la circoncision. » La raison est qu'une telle intervention nécessite une grande dose d'anesthésie, vu son poids. Une dose qu'il ne pourra évidement pas supporter. « J'aimerai bien aller à l'école, je veux être un instituteur », confie Aymen, avec une voix faible, vu son énorme difficulté à respirer. Fait extrêmement gênant, il ne peut se retenir d'uriner et de faire ses besoins toute la journée. Il porte encore des couches de bébé. Plus grave encore Aymen ne va pas à l'école. Il reste à la maison. Il est boulimique et s'isole. Il souffre donc et fait souffrir ses parents. « Il est conscient de sa maladie », témoigne son père. « L'obésité infantile n'est pas une fatalité. C'est une maladie qui se soigne. Dans le monde, 300 millions de personnes sont en surcharge pondérale. Des interventions chirurgicales permettent de stabiliser la progression pondérale et de retrouver un poids normal », explique un médecin, qui prévient que si Aymen n'est pas soigné, à l'âge adulte, les conséquences pourraient être beaucoup plus graves : diabète, troubles de la respiration, maladies cardiaques, etc. Son père interpelle ainsi les pouvoirs publics pour que son enfant soit pris en charge à l'étranger.