Le système de l'enseignement supérieur en Algérie a connu une croissance remarquable. Les indicateurs de cette « croissance », selon un communiqué de presse qui nous a été remis hier lors d'un colloque international tenu à Alger, sont un réseau composé de 41 villes universitaires, un effectif étudiants de 1,1 million, celui des enseignants évalué à 31 700. Mais au-delà de ces chiffres, qu'en est-il de la qualité de l'enseignement dispensé, du savoir et des connaissances acquises ? De l'avis des observateurs, cette qualité va de mal en pis. L'université peine à atteindre le niveau requis dans un contexte économique de plus en plus mondialisé. Ceci au moment où la fuite des universitaires et chercheurs algériens à l'étranger ne fait que s'aggraver. Certes, ce phénomène existe dans beaucoup de pays, mais il est inquiétant chez nous d'autant que rien qu'en 2007, 300 universitaires ont quitté l'Algérie, selon des chiffres officiels. Cet exode est une plaie pour l'économie algérienne. Alors que l'Algérie n'a pas encore réussi à définir une politique qui limiterait les dégâts causés par cette émigration des élites. Que prévoient les autorités pour éviter cette saignée de compétences ? « Nous sommes en train de mettre en œuvre une nouvelle politique devant inciter les jeunes diplômés universitaires à rester dans leur propre pays », a indiqué le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, lors ce colloque organisé sous le thème « L'assurance qualité dans l'enseignement supérieur, exigences et réalité ». M. Belkhadem a ajouté à ce propos que des mesures en termes d'emploi, de salaire, de logement, de pouvoir d'achat et de préparation de l'environnement seront prises en faveur des jeunes diplômés, précisant qu'« il n'y a pas seulement le salaire qui compte ». Il y a, a-t-il dit, « des compétences qui ont besoin de moyens adéquats pour pouvoir faire des recherches et approfondir leurs études ». A une question sur la manière d'allier la qualité de l'enseignement, le maintien du service public et l'accueil d'un maximum d'étudiants à l'université, M. Belkhadem a insisté sur la nécessité de préserver « coûte que coûte » la démocratisation de l'enseignement supérieur, précisant que cela « permettra à l'ensemble des détenteurs du baccalauréat d'accéder à l'université et, par la même, améliorer la qualité de l'enseignement ». Le séminaire, organisé hier par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique avec le concours de la Banque mondiale et l'apport de l'Unesco, se propose d'ouvrir un débat auquel ont participé aussi bien les professeurs que les étudiants et vise à améliorer la qualité de l'enseignement et à le mettre aux normes universelles. Ce colloque devra concevoir une feuille de route pour la mise en œuvre d'un modèle d'assurance qualité en mesure d'améliorer l'efficacité et la performance de notre système d'enseignement supérieur. Le ministre du secteur, Rachid Harraoubia, intervenant à l'ouverture des travaux de ce colloque, a indiqué que l'évaluation et l'assurance qualité dans l'enseignement supérieur représente « une question stratégique placée au cœur de toute réforme progressiste visant une adaptation aux mutations effrénées en matière de connaissances, de formation des ressources humaines et d'accès aux normes internationales ». L'accent a alors été mis sur l'impératif d'adopter un partenariat international dans la mise en place des systèmes de l'enseignement supérieur à travers l'échange d'expériences et d'expertises. Les autorités sauront-elles surmonter les maux qui rongent l'université ?