Barak Obama est en train de décliner son programme électoral avant même d'avoir été désigné candidat du Parti démocrate. De nombreux spécialistes de la politique américaine considèrent cela tout à fait normal, estimant qu'il lui revient de convaincre l'ensemble des groupes de pression. Et l'AIPAC, le principal lobby israélien, en est bien un, puisque M. Obama y a tenu un discours qui a suscité la satisfaction d'Israël et dans le même temps la colère des Palestiniens. On est donc loin des propos qui se veulent équilibrés ou plus exactement en concordance avec la conjoncture actuelle, faite — mais uniquement seulement — de discours de paix. Les Palestiniens considèrent donc qu'ils font face à un autre parti-pris. M. Obama a estimé, mercredi dernier, que la Ville sainte devait « rester la capitale d'Israël » et « demeurer indivisible » devant les délégués de l'American Israël Public Affairs Council (AIPAC), aux Etats-Unis, quelques heures à peine après avoir pris connaissance des résultats des dernières primaires qui lui assuraient l'investiture démocrate pour l'élection présidentielle du 4 novembre prochain. Jeudi, il a persisté et signé, affirmant sur CNN qu'Israël avait « un droit légitime » sur cette ville et qu'une partition serait « très difficile à mettre en œuvre d'un point de vue pratique ». Par ces propos ouvertement favorables à Israël, le candidat démocrate a abordé l'un des dossiers les plus explosifs des pourparlers israélo-palestiniens. Israël a conquis durant la guerre de juin 1967 puis annexé la partie orientale d'El Qods. Cette annexion n'a jamais été reconnue par la communauté internationale. La quasi-totalité des ambassades, y compris celle des Etats-Unis, sont installées à Tel-Aviv. En visite à Washington, le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, s'est empressé de qualifier les propos du candidat démocrate de « très émouvants ». L'ambassadeur d'Israël à Washington, Salaï Meridor, a pour sa part tenté de relativiser ces propos. Il a ainsi déclaré que « les discours que les trois candidats à la présidence américaine (Barack Obama, Hillary Clinton pour les démocrates et John McCain pour républicains) ont prononcé devant les délégués de l'AIPAC ont été très importants et très encourageants ». Le diplomate a aussi minimisé la portée des déclarations de M. Obama,s,0 en rappelant que le « Congrès a reconnu à plusieurs reprises dans le passé El Qods réunifiée comme capitale d'Israël, alors que l'administration américaine faisait preuve de plus de prudence ». Il faisait ainsi allusion au projet souvent évoqué par des présidents américains, mais jamais réalisé de transférer l'ambassade des Etats-Unis à El Qods. Du côté palestinien, le président Mahmoud Abbas ainsi que les islamistes du Hamas ont dénoncé les propos du candidat démocrate. « Nous rejetons ces propos. El Qods est l'un des dossier en cours de négociation. Tout le monde sait parfaitement qu'El Qods-est a été occupée en 1967 et nous n'accepterons pas un Etat sans El Qods, cela doit être clair », a affirmé Mahmoud Abbas. Même réaction du Hamas. « Nous considérons que les déclarations d'Obama constituent une nouvelle preuve de l'hostilité des responsables américains envers les Arabes et les musulmans », a affirmé un porte-parole du Hamas. La première conséquence, et elle était prévisible depuis que les négociateurs palestiniens avaient compris que les tractations avec Israël n'aboutiraient à rien, est le rapprochement entre le Fatah et le Hamas, une hypothèse que l'on disait improbable il y a peu. Maintenant tout devient possible. Reste à savoir comment les Palestiniens vont adapter leurs positions face à une telle situation.