L'absence remarquée du ministre des Affaires étrangères italien, Franco Frattini, au forum méditerranéen d'Alger serait due à un « agenda chargé » de l'ancien commissaire européen, à en croire ses collaborateurs que nous avons contactés hier. Rome (Italie). De notre correspondante L'ancien vice-président de la commission européenne, Franco Frattini, semble avoir du mal à se réadapter à sa nouvelle fonction de ministre des Affaires étrangères, du reste déjà assumée dans le précédent gouvernement Berlusconi, de 2002 à 2004. Hier, Frattini était omniprésent sur les écrans des télévisions italiennes (RAI, Sky...) occupé à fustiger le sommet de la FAO qui s'est conclu à Rome. Position jugée saugrenue par les observateurs, car l'Italie, pays qui a abrité la rencontre internationale, avait tout à gagner à faire de ce rendez-vous un succès. Même les ONG présentes au sommet pour décrier l'indifférence des pays riches face au drame de la faim dans le monde et critiquer l'inefficacité de l'agence onusienne, se sont rangés du côté de la FAO face à l'attaque incompréhensible du chef de la diplomatie italienne. Mais hier, le ministre italien, qui a choisi de déléguer au forum méditerranéen son secrétaire d'Etat chargé des relations avec les pays du Maghreb et du Moyen-Orient, Stefania Craxi, était entre Milan et Venise. Dans la capitale économique de la péninsule, Frattini a ouvert le forum des pays du Pacifique qui se déroule dans le cadre du festival international sur l'environnement, organisé par la municipalité lombarde, alors qu'à Venise, il a tenu à inaugurer personnellement un workshop italo-américain. Des obligations qui auraient pu être honorées par l'un de ses trois secrétaires d'Etat. Le ministre des Affaires étrangères italien semble regarder plus vers l'Amérique que vers la Méditerranée. A moins qu'il ne veuille bouder son homologue français Bernard Kouchner (qui, lui, a fait le voyage à Alger) après le rejet de la demande de l'Italie d'intégrer le groupe des 5+1 (membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, et l'Allemagne) qui négocie avec l'Iran sur le dossier nucléaire. C'est l'Allemagne qui serait à l'origine de ce refus de l'entrée de l'Italie dans ce pool. En outre, comment le gouvernement italien pourrait-il s'impliquer sérieusement dans le dialogue entre l'Iran et la communauté internationale, alors que le président iranien, qui se trouvait à Rome le 3 juin, s'est vu refuser tous les entretiens avec les responsables italiens, y compris Frattini. Seuls les responsables de second plan, des sociétés italiennes présentes dans le pays perse, ont accepté de serrer la main à Mahmoud Ahmadinejad.