Si l'identification du poseur de la bombe sur la terrasse du café Le Tamaris, mercredi dernier, pourrait prendre un peu de temps, en revanche, l'identification du kamikaze qui s'est fait exploser au même moment à l'entrée de la caserne de la Garde républicaine, située quelques dizaines de mètres plus loin, n'est qu'une question de jours, voire d'heures, nous a-t-on indiqué de source sécuritaire. Les premiers éléments de l'enquête montrent que le double attentat est l'œuvre d'au moins deux terroristes, le kamikaze et le poseur de la bombe du café Le Tamaris. Un portrait-robot de ce dernier a été établi grâce aux témoignages recueillis auprès des clients qui étaient attablés au café. Pour ce qui est du kamikaze, nos interlocuteurs ont indiqué que son identification est une question de jours, voire d'heures, du fait que les éléments de la police scientifique ont retrouvé la tête et le bras entier du terroriste, projetés sur un arbre haut d'au moins quatre mètres. Quelques suspects sont déjà sur la liste et il ne reste qu'à convoquer les familles pour des tests ADN afin de confirmer d'une manière irréfutable l'identité du terroriste. Tous les éléments de l'enquête montrent que les terroristes avaient un plan macabre. Faire exploser une bombe à quelques mètres de la caserne, dans un café très fréquenté par les militaires, et une fois ces derniers sortis et regroupés autour de l'endroit, le kamikaze entre en action en déclenchant sa ceinture explosive au milieu de la foule. Mais le scénario n'a pas réussi pour deux raisons. La première est que le premier engin, pour une raison ou une autre, a explosé avant terme. La seconde est la vigilance et la perspicacité des sentinelles de la caserne. En effet, lorsque la bombe artisanale a éclaté sur la terrasse du café sans faire de dégâts importants, le kamikaze était à proximité de l'entrée de la caserne. Pris de court, il s'est précipité pour entrer dans l'enceinte militaire par une petite porte qui donne accès au poste de garde. Surpris, l'un des trois militaires a fait usage de son arme. Mais c'était trop tard. Le kamikaze venait de déclencher le système de mise à feu, tuant sur le coup deux militaires et blessant grièvement un troisième qui succombera à ses blessures lors de son transfert à l'hôpital militaire. Pour l'instant, rien n'indique, nous explique-t-on, que l'explosion a été déclenchée par le terroriste lui-même ou par un système de télécommande à distance. De nombreux débris ont été retrouvés sur les lieux et seule une expertise de la police scientifique peut donner la réponse. Ce qui est certain pour l'instant, c'est le fait qu'au moins cinq suspects ont été arrêtés quelques heures après le double attentat alors que l'enquête poursuit son cours. Il est important de noter que le recours à des bombes humaines (au lieu des véhicules) s'explique par cette forte pression imposée par les services de sécurité, depuis les attentats du 11 décembre dernier, autour de la capitale, la zone la plus visée par les attentats suicide. Une nouvelle stratégie contre laquelle la riposte est très difficile et qui risque de faire davantage de victimes, parce qu'imparable. Le choix des cibles est à chaque fois bien étudié pour s'assurer un impact médiatico-politique important. Viser la Garde républicaine à deux jours de l'ouverture de la Foire internationale d'Alger est loin d'être banal. Il s'agit d'une institution, certes militaire, mais qui assure surtout la sécurité des institutions dépendant de la Présidence. C'est donc le sommet de l'Etat qui est réellement visé, comme cela a été le cas lors des attentats du 11 décembre 2007 contre le Conseil constitutionnel, ou encore ceux du 11 avril 2007 contre le Palais du gouvernement.