Tout semblait normal au quartier Les Tamaris, limitrophe de la caserne de la Garde républicaine, à Fort de l'eau, situé à l'est d'Alger, avant qu'une forte explosion ne mette les lieux en état d'alerte. Et pour cause, vers 17 h, un jeune, ne dépassant pas la trentaine, s'est fait exploser au poste de garde de la caserne, au moment où les militaires ont remarqué son air inquiet et surtout la ceinture qu'il portait. Certains témoignages recueillis sur place affirment qu'un des militaires, mort lors de l'explosion, a tiré son arme pour viser le terroriste, mais c'était trop tard. L'engin venait d'exploser, tuant sur le coup deux militaires et blessant trois autres dont l'un est actuellement dans une situation critique. Ils venaient d'éviter à leurs collègues un vrai massacre. Quelques minutes plus tard, une autre explosion se fait entendre. Un engin artisanal de faible intensité venait d'exploser à quelques mètres seulement de la caserne. Il avait été abandonné, selon des témoins, sous une table à l'extérieur du café Le Tamaris, très fréquenté par les militaires. Fort heureusement, l'explosion n'a pas provoqué de dégâts humains. Toutefois, celle-ci était assez forte pour souffler les tables, les chaises et les façades du café, ainsi que les vitres de la villa sous laquelle il est situé. Quelques blessés légers enregistrés ont été transférés vers les hôpitaux environnants. Selon des sources sécuritaires, le terroriste qui s'est fait exploser a été pris de court dès qu'il a été repéré par les militaires. Il semble qu'il voulait s'introduire d'abord à l'intérieur de la caserne, déclencher à distance l'engin déposé à proximité du café puis se faire exploser au moment où il y aurait le plus grand nombre de gardes républicains. Fort heureusement, une fois au niveau du poste de garde, les militaires ont vite compris ses desseins. Une demi-heure après l'attentat, tout le quartier le Lido était bouclé par les unités antiémeute, alors que les artificiers recherchaient toujours des restes éventuels de l'engin, mais aussi du kamikaze, dont une partie du corps était sur un arbre haut d'au moins quatre mètres. A l'extérieur de la caserne, rien n'indique qu'une explosion a eu lieu. Tout se passait dans l'enceinte, envahie par des militaires, des ambulances et des agents de la Protection civile. La panique s'installe dans tout le quartier et il y a un va-et-vient incessant des familles des gardes républicains très inquiètes pour leurs proches. « Revenez après, ce n'est pas le moment. Tout le monde va bien », leur lance l'officier chargé de bloquer le périmètre et les accès y menant. Le propriétaire du café n'arrive toujours pas à réaliser ce qui vient de se passer. « Nous avons entendu la première explosion, et à peine nous nous sommes levés pour voir ce qui s'est passé qu'une autre a soufflé tables, chaises et vaisselle. J'ai vu un des clients crier parce qu'il avait reçu des éclats de verre à la jambe. Heureusement que l'engin a explosé à l'extérieur du café et non pas à l'intérieur, sinon les dégâts auraient été plus importants », raconte Mohamed, la quarantaine, qui prenait un café au moment de l'attentat. Une heure plus tard, le quartier était toujours bondé de monde et surtout de curieux. Le directeur général de la Protection civile est arrivé parmi les premiers sur les lieux. Après avoir discuté avec ses éléments, il a déclaré à la presse qu'il y a eu trois blessés et un mort, le kamikaze. Il s'agissait en fait de civils blessés lors de l'explosion de la bombe déposée au café Le Tamaris. Mais du côté des militaires, il y a eu, dans un premier temps, deux morts et un blessé grave. Celui-ci a néanmoins succombé à ses blessures lors de son transfert à l'hôpital, ce qui porte le bilan à trois morts. Il est tout de même étonnant que moins d'une semaine après le changement à la tête de la Garde républicaine, une caserne de ce corps soit visée par les terroristes. Peut-on mettre cette coïncidence sur le simple fait du hasard ? On n'en sait rien. Néanmoins, ce qui est certain, c'est le fait que les services de sécurité avaient des informations sur d'éventuels attentats à Alger durant la semaine qui précède la date « symbole » du 11. Ce qui explique la mise en place depuis mardi d'un dispositif important sur les voies d'accès à la capitale et dans de nombreux carrefours, où les véhicules dans la majorité des cas étaient arrêtés et contrôlés. Visiblement, les terroristes sont vraiment acculés et n'arrivent plus à utiliser les véhicules depuis le dernier attentat suicide du 11 décembre 2007, du fait de la pression qui est mise sur eux. Cependant, ils restent dangereux, dans la mesure où dans cette situation, ils se retrouvent dans l'obligation de recourir à des bombes humaines. C'est-à-dire aux ceintures explosives. Face à une telle stratégie, peut-il y avoir une riposte ? Très difficile d'y croire...