Finalement, les premiers éléments de l'enquête sur le double attentat contre la caserne de la Garde républicaine, située au quartier Les Tamaris, à l'est d'Alger, indiquent que les deux explosions ont été l'œuvre de deux kamikazes qui portaient des ceintures d'explosifs. Le premier s'est fait exploser à l'intérieur du poste de garde de la caserne, au moment où un des militaires en faction a usé de son arme. Bilan : trois morts, tous des gardes républicains. Le terroriste a été déchiqueté. Sa tête et son bras ont été soufflés et projetés sur un arbre haut d'au moins quatre mètres. Il s'agit de Benhala Hamza, né en 1980, à Bourouba, dans le quartier La Montagne, à Alger. Il avait pris la route du maquis avec onze autres jeunes de son quartier dans la nuit du 29 septembre 2007. Selon toujours la même source, l'explosion qui a eu lieu dans la terrasse du café, Tamaris, situé à quelques mètres seulement de la caserne, n'était pas le fait d'un engin abandonné sous la table. En fait, un autre kamikaze, était assis à une table et devait faire exploser sa ceinture au moment de l'arrivée des forces de sécurité et des secours, après le premier attentat. Néanmoins, une fausse manipulation ou un mauvais réglage du détonateur de la ceinture a accéléré la mise à feu. Il a été transféré à l'hôpital avec deux autres blessés et ce n'est qu'une fois aux urgences que les services de sécurité ont retrouvé des traces de la ceinture encore accrochée aux vêtements du terroriste. Ce dernier, gravement atteint, a succombé quelques heures seulement après son transfert. Il s'agit en fait de Talasligha Brahim, né en 1969 à Khemis El Khechna, un ancien terroriste qui s'est enrôlé dans les rangs des phalanges du GIA en 1994. Il était sous la coupe de Hassan Hattab, alors émir de la zone 2 pour le GIA, avant la création du GSPC vers la fin de l'année 1997. C'est d'ailleurs durant cette année qu'un mandat d'arrêt a été lancé à son encontre par les forces de sécurité après avoir été cité dans plusieurs attentats terroristes commis dans la wilaya de Boumerdès, notamment dans la région de Khemis El Khechna où il est connu. Pour nos sources, la présence de ce terroriste parmi les kamikazes est pour le moins intrigante dans la mesure où l'organisation salafiste compte encore une dizaine de candidats aux attentats suicide (ayant rejoint le maquis depuis janvier 2007) connus et fichés par les services de sécurité. Visiblement, le GSPC traverse une « rude » étape puisqu'il n'arrive plus à utiliser les véhicules à l'intérieur de la capitale, son terrain de prédilection, et envoie à la mort certains de ses anciens « éléments », aguerris aux arts de la guérilla et dont il a vraiment besoin. Habituellement, le GSPC entraîne les nouvelles recrues pour les attentats suicide et ne recourt qu'exceptionnellement à ses anciens vétérans, comme cela a été le cas pour l'attentat contre les bureaux du Pnud et du HCR, à Hydra, lors des attentats du 11 décembre 2007. Pour ce cas précis, des repentis ont affirmé que le terroriste en question, âgé de plus d'une cinquantaine d'années et malade, avait lui-même insisté pour aller se faire tuer, parce qu'il devenait un fardeau pour ses « compagnons ». Nos interlocuteurs voient en cette évolution une phase difficile pour le GSPC. Il est d'ailleurs à craindre que l'organisation passe à une nouvelle stratégie encore plus dangereuse. Celle d'envoyer des kamikazes avec des ceintures d'explosifs se faire tuer en fonçant sur un convoi d'officiels ou des bâtiments publics. Une hypothèse que de nombreuses sources sécuritaires n'écartent pas, d'autant que certains repentis ont révélé que l'émir du GSPC, Droudkel, avait, dans une récente réunion avec les chefs de ses phalanges, appelé à un « retour intensif » sur le terrain et exigé d'eux de passer à l'action à chaque fois que l'occasion leur est donnée sans attendre un quelconque ordre de la « direction ». Si l'information se vérifie, cela prouve que l'organisation, déjà minée par les luttes de leadership et laminée par les sévères coups assénés par les forces de sécurité, est en train de glisser de plus en plus vers l'autodestruction, en recourant à ses dernières cartouches, à savoir son « ossature ».