La ville de Béjaïa et 14 chefs-lieux de commune se régalent depuis samedi, à raison de trois représentations par jour, de spectacles de clowns, de marionnettes, de magie et surtout de pièces de théâtre, la plupart inédites pour les jeunes spectateurs béjaouis. La manifestation, qui se terminera jeudi et financée par le ministère de la Culture (en attendant les subventions de la wilaya et des communes, est à l'actif, Théâtre régional de Béjaïa (TRB), en collaboration avec la maison de la culture de Béjaïa. Les troupes viennent de 18 wilayas. Aux professionnels de Batna, du Théâtre régional de Béjaïa, de celui de Constantine, du théâtre de Touggourt, Masrah Ed Dik de Sidi Bel Abbès, la troupe Ahmed Khoudi d'Alger, pour ne citer que ceux-là, se frottent aux amateurs qui seront libérés du spectre de la compétition puisqu'aucune nomination ni prix ne sont conjecturés. Pas moins de 65 représentations gratuites sont données à 40 000 spectateurs attendus. Pour accrocher le plus de monde possible, 20 000 invitations sont tirées et de jeunes facteurs iront taper aux portes des maisons pour les remettre directement aux jeunes convives. La deuxième nouveauté dans la promotion de l'événement réside dans le carnaval programmé en ouverture du festival. Un défilé de 400 heureux lurons accompagnés de magiciens et de clowns, a animé la rue avec des tours et des figures burlesques, un lancer de ballons, de pigeons, des oriflammes et fumigènes… Le défilé est parti du TRB pour aboutir à l'esplanade de la maison de la culture où, dans la grande salle, après un prélude musical exécuté par une chorale sous la direction du compositeur Bazou, estprésentée la première pièce, La Fin du chacal, par le théâtre régional de Batna. En plus des spectacles offerts en salle, on jouera dans quatre crèches et dans les hôpitaux d'Amizour et de Béjaïa. Les adhérents des associations d'hémophiles, des handicapés mentaux et des aveugles ont été également conviés. Une « intrusion » a été consentie aux adultes dans cet univers enfantin, les 8 et 9 juin en soirée, avec la présentation de la dernière production du TRB, Le Procès. Une adaptation de Omar Fertmouche et une mise en scène de Ahmed Khoudi d'une narration de Vaclav Havel, dramaturge et ex-président de la République tchèque. En marge du festival est programmé un colloque articulé autour de la problématique du théâtre pour enfants. Trois thèmes retenus : « Concepts et approche professionnelle », « Jeux dramatiques en milieu scolaire », « Concept par tranches d'âge jusqu'à 18 ans ». Les débats et travaux sont animés par des spécialistes maghrébins, français et italiens. Les séminaristes sont de divers horizons : du milieu théâtral bien évidemment (professionnels et personnel amateur), du milieu scolaire (direction de l'éducation et directeurs d'école) et du milieu universitaire (psychologues, enseignants et étudiants). Le colloque émettra pour résultat un document didactique, un sérieux abécédaire de la pratique théâtrale en milieu juvénile. Pour M. Fetmouche, le directeur du TRB, « c'est autrement dit, jeter un pavé dans la mare : pourquoi ne pas intégrer dans les programmes scolaires, à l'instar de nos voisins maghrébins, le théâtre ? ». En tout cas, voilà pour les enfants de la région un départ en vacances avec un imaginaire bien plein.