Le ministre de la Communication, Abderrachid Boukerzaza, a déclaré hier, en marge de l'inauguration officielle de la 41e édition de la Foire internationale d'Alger (FIA), que « la révision de la Constitution ne figure pas dans l'agenda du chef de l'Etat, du moins pour l'heure actuelle ». C'est une déclaration qui, le moins qu'on puisse dire, vient remettre en cause le discours officiel tenu depuis plusieurs semaines. A rappeler que le parti de Abdelaziz Belkhadem et ses organisations « de la société civile » en ont fait leur cheval de bataille depuis des mois. Au début de la semaine, certains journaux nationaux, citant des sources proches du FLN, ont d'ailleurs fait savoir que cette révision constitutionnelle était à l'ordre du jour. Abderrachid Boukerzaza, porte-voix du gouvernement Belkhadem, a laissé entendre aussi à la même occasion que « le remaniement ministériel ne figure pas également dans l'agenda du chef du gouvernement, du moins à l'heure actuelle ». C'est un véritable pavé dans la marre que vient jeter le ministre de la Communication qui souligne sur sa lancée que « c'est la presse qui a dû faire une erreur ». Autrement dit, selon lui, Abdelaziz Belkhadem, patron du staff gouvernemental, « n'a pas annoncé un remaniement ministériel tel que cela a été rapporté par la presse nationale ». Le secrétaire général du Front de libération nationale a, rappelle-t-on, réuni samedi dernier l'instance de coordination de son parti. Selon les sources proches du FLN citées par la presse, la réunion à huis clos a eu pour ordre du jour un seul point : informer les membres de son parti, ceux responsables dans les hautes instances de l'Etat, d'un certain nombre de questions. Celles-ci concernent surtout un tout prochain remaniement gouvernemental ainsi que la révision de la Constitution. Abdelaziz Belkhadem aurait annoncé à cette occasion que la révision de la loi fondamentale du pays est encore à l'ordre du jour et elle interviendra « trèsprochainement ». Mieux encore, selon les mêmes sources ayant rapporté les propos du chef du gouvernement, ce dernier aurait annoncé aux cadres de son parti que cette refonte devra intervenir entre fin juin et début juillet. Toutefois, le porte-parole du gouvernement Belkhadem, interrogé hier par la presse à ce sujet, a choisi carrément d'aller à contresens de la version des faits tels que rapportés par les médias. « Je démens les propos qui ont été mis sur le compte du chef du gouvernement. » Il y a lieu de préciser que cette révision de la loi fondamentale de l'Etat revendiquée par le FLN aura, entre autres, pour objectif d'étendre le nombre des mandats présidentiels à plus de deux afin de permettre au chef de l'Etat de briguer un troisième mandat. La déclaration faite hier par Abderrachid Boukerzaza, lui aussi du FLN, se situe donc à l'opposé des propos qu'aurait tenus M. Belkhadem devant les cadres de son parti. Aussi, la question qui se pose est de savoir maintenant les motivations essentielles ayant poussé le porte-voix du gouvernement à contredire son chef, plutôt à « rectifier la presse nationale ». A préciser néanmoins que l'information a été rapportée par au moins quatre journaux. En toile de fond de la déclaration faite hier par le ministre de la Communication apparaît un semblant de déchirement au sein du staff gouvernemental, autrement une guéguerre politique que se livrent deux parties antagonistes au sein de ce même gouvernement. Révision de la Constitution ou pas, pour le moment, le flou continue à être maître des lieux.