Hassan Nasrallah Fort de son coup de force dans la capitale libanaise, les 7 et 8 mai derniers, en délogeant les 30 locaux du Courant du futur de Saâd Hariri, le chef du Hezbollah entend fructifier politiquement sa position de force. Son objectif de disposer d'un tiers bloquant au gouvernement est atteint. Sa politique visant à préserver son arsenal peut être renforcée par cette victoire. Mais, les affrontements confessionnaux et l'emploi d'armes dans l'intérieur libanais ont relativement terni son image de héros de la résistance contre Israël. Le défi du Hezbollah est aujourd'hui de lutter contre les haines interconfessionnelles. Saâd Hariri Affaibli par l'offensive du Hezbollah, Saâd Hariri peine à conserver son rôle de premier leader des sunnites, à l'image de son défunt père. Si dans plusieurs régions les grands courants sunnites restent fidèles à sa famille, il n'en demeure pas moins que les frustrés de son camp se tournent vers des courants sunnites plus radicaux, comme les salafistes dans la région nord du Liban. Il lui reste néanmoins que le découpage électoral pour les législatives de 2009 lui est resté favorable et qu'il est fort probable qu'il succède à Fouad Siniora comme Premier ministre. Walid Joumblatt Le leader druze pro-majorité a été à l'origine du coup de force du Hezbollah. Il a dénoncé l'illégalité du système de télécommunications du Hezbollah et l'a accusé de surveiller l'aéroport pour d'éventuels assassinats de personnalités. Lors des affrontements de mai, le Hezbollah et ses alliés druzes ont attaqué son fief dans la Montagne et le Chouf, s'arrêtant à quelques encablures de son château d'Al Moukhtara. Des combats d'une rare intensité. Joumblatt s'est, depuis, montré plus ouvert au dialogue invitant ses alliés comme Hariri à montrer plus de souplesse. Michel Aoun On le présente comme le perdant de l'accord de Doha. Non seulement le député chrétien a dû définitivement faire une croix sur son ambition présidentielle, mais en plus, le découpage électoral ne lui est pas favorable. L'ancien chef de l'armée durant les deux dernières années de la guerre civile semble payer au prix fort ce que beaucoup estiment être du « courage politique », c'est-à-dire son alliance avec le Hezbollah depuis 2006. Le coup de force de ce dernier, qui a pourtant évité de cibler les quartiers chrétiens, a été mal aperçu par cette communauté, tentée parfois par des réflexes de crispation identitaire face au puissant parti chiite.