Jacques Chirac se recycle dans l'humanitaire. Hier, au musée Quai Branly, à Paris, il a annoncé officiellement la naissance de sa fondation pour le dialogue des cultures, en présence de Kofi Annan, ancien secrétaire général de l'ONU, Michel Camdessus, l'ancien directeur général du Fonds monétaire international et de Rajendra Pachuauri, prix Nobel de la paix 2007. L'ancien président français, qui veut « réveiller les consciences », s'est fixé quatre priorités : l'accès à l'eau, aux médicaments de qualité, la lutte contre la déforestation et la sauvegarde des cultures et langues menacées. Financées exclusivement par des fonds privés, les premières actions interviendront en Afrique avant de s'étendre à d'autres régions de la planète. A titre d'exemple, au Sénégal et au Mali, la fondation pour le dialogue des cultures financera des projets permettant aux populations les plus défavorisées d'accéder à l'eau. Au Bénin, elle interviendra dans le domaine de la qualité des médicaments certifiés et apportera les fonds nécessaires pour agrandir le laboratoire national du contrôle de la qualité des médicaments. Enfin, toujours dans le continent noir, la fondation créée par Jacques Chirac prévoit de mettre en place un plan visant à protéger la forêt du bassin du Congo, considérée comme étant la deuxième au monde. Sensible aux cultures africaines et océaniques, l'ancien président français s'est dit décidé à continuer à mener les combats pour la justice, l'égalité et la répartition équitable des richesses. « Depuis mars, je mène en toute liberté les combats qui ont toujours été les miens. Les combats pour le respect, pour le dialogue des cultures et le développement durable. Des combats qui rassemblent et qui concourent à la paix dans le monde », a-t-il dit, hier, avant d'ajouter : « Face aux grands défis du monde, j'ai toujours envie de me battre car je veux agir concrètement sur le terrain et réveiller les consciences. » Pour financer tous ses projets ambitieux, Jacques Chirac compte bien sur quelques anciens amis richissimes, à l'image de Liliane Bettencourt, propriétaire des laboratoires l'Oréal, de François Pinault, fortuné homme d'affaires français, ainsi que de nombreuses ? entreprises, comme Véolia, (environnement), Sanofi- Aventis (médicaments) et autres dons venus de l'étranger. Pour asseoir la notoriété de sa nouvelle organisation et lui donner une autorité morale, Jacques Chirac est contraint de reprendre les voyages qui le mèneront, entre autres, au Sénégal, au Mali, en Chine puis à Moscou où il doit recevoir le 12 juin, le prix d'Etat des mains du président Medvedev. Mais avant même que sa fondation agisse sur le terrain, l'ancien locataire de l'Elysée s'est invité dans la polémique sur la faim qui menace plusieurs pays. Il a de nouveau plaidé pour une agriculture vivrière et le développement des petites exploitations agricoles, seul moyen, selon lui, d'atteindre l'autosuffisance alimentaire dans les pays africains.