Jacques Chirac vit ces derniers jours à l'Elysée qu'il doit quitter le 16 mai, après y avoir vécu pendant 12 années. Il résidera provisoirement au quai Voltaire, dans un appartement dans un quartier huppé de Paris, prêté par la famille de feu le Premier ministre libanais, Rafic Hariri. Le couple Chirac, qui se dit à la recherche d'un pied-à-terre dans la capitale française, était propriétaire d'un appartement de 114 mètres carrés, mais ils l'ont donné à leur fille, Claude, qui a relooké l'image de son père. Cependant, même à 74 ans, Chirac n'est pas près d'entrer dans la peau d'un retraité. Selon un calcul effectué par l'hebdomadaire français l'Express, les retraites cumulées d'ancien député, d'ancien maire de Paris, d'ancien conseiller général, d'ancien conseiller référendaire à la Cour des comptes et d'ancien président de la République de Jacques Chirac, dépasseraient un montant de 18 000 euros par mois. Membre de droit du Conseil constitutionnel en tant qu'ancien président, Chirac, s'il décide d'y siéger, aurait également droit, à ce titre, à une indemnité et à un bureau, tout comme l'ancien président Valéry Giscard d'Estaing. Mais lorsqu'il a annoncé qu'il n'était pas candidat à un troisième mandat, il avait affirmé qu'il y a une vie après la politique, “jusqu'à la mort”. Après une longue carrière politique qui a culminé avec 12 années à l'Elysée, la nouvelle vie de Chirac devrait tourner autour des thèmes qui lui sont chers : la mobilisation contre les changements climatiques (Chirac plaide pour la création d'une Organisation des Nations unies pour l'environnement), une nouvelle solidarité internationale pour financer l'aide au développement des pays du tiers-monde et le dialogue des cultures, sa deuxième passion après le pouvoir. La forme que pourrait prendre sa nouvelle activité n'a pas encore été fixée, mais il est tenté de monter une fondation sur le modèle de celles fondées par les anciens présidents américain Jimmy Carter et Bill Clinton. Chirac est, en effet, l'archétype même de la bête politique. Voila 40 années qu'il est sur le devant de la scène française, gravissant tous les échelons, d'élu municipal à la magistrature suprême en passant par la mairie de Paris, d'où il s'était revigoré pour partir à l'assaut de l'Elysée. Jacques Chirac aura passé 12 ans à l'Elysée, un peu moins que François Mitterrand qui a cumulé 2 septennats, et un peu plus que le général de Gaulle qui y est resté 11 ans. Douze ans entrecoupés par la cohabitation avec le socialiste Lionel Jospin de 1997 à 2002. S'il peut se targuer d'un bilan diplomatique plutôt positif, le président sortant ne peut en dire autant en politique intérieure. Son principal échec restera la fameuse fracture sociale sur laquelle il a bâti sa première entrée à l'Elysée. Reste à savoir si la justice laissera l'ex-président couler tranquillement son retrait de la scène politique. S'il bénéficie d'une immunité pendant son mandat, celle-ci s'achèvera un mois après son départ de l'Elysée. Il pourra donc être entendu par des juges à partir de la mi-juin. Jacques Chirac, dont le nom est cité dans plusieurs affaires judiciaires, pourrait notamment être inquiété dans le cadre de l'affaire, la plus menaçante pour lui, celle des emplois fictifs du RPR, instruite à Nanterre. Celui qu'il avait souhaité comme dauphin, Alain Juppé, a payé pour lui en 2004, mais le nom de Chirac est resté en attente dans le cabinet du juge de Nanterre, Alain Philibeaux. C'est de son appréciation juridique que dépendra le sort de l'ex-président français. D. Bouatta