Le 4 juillet 2006, le président Bouteflika a invité les Algériens à « s'exprimer sur la révision de la Constitution » en souhaitant « que le référendum soit organisé avant la fin de l'année ». Nous sommes en juin 2008 et quelques mois seulement nous séparent de la prochaine élection présidentielle. Depuis, tout le monde en parle, sauf le principal concerné. Il y a bien eu le fameux « tout est clair », prononcé à Tamanrasset le 7 janvier 2008 qui avait donné le signal du lancement d'une véritable campagne pour le troisième mandat. Le chef du RND, Ahmed Ouyahia, pressenti comme successeur potentiel, replié jusque-là dans une position d'attente, avait fini par apporter son soutien au troisième mandat, le 24 janvier. Le 27 janvier, les déclarations presque simultanées de Ziari, Bensalah et Belkhadem levaient les derniers doutes. Seul changement, on passerait plutôt par la voie parlementaire et non plus par un référendum, comme le souhaitait Bouteflika en 2006. La télévision publique a immédiatement emboîté le pas, transformant les JT en tribune de propagande, souvent folklorique, pour la « ouhda talitha ». En février, au meeting du FLN à Blida, il fallait s'afficher avec l'écharpe aux couleurs du troisième mandat. Les associations de toutes sortes « suppliaient » par communiqués interposés le Président de rempiler. Le président de l'Assemblée nationale, Abdelaziz Ziari, emporté dans l'élan, a même annoncé que la révision interviendrait au plus tard courant mars. La machine tournait à plein régime. Puis à la fin mars, sans raison particulière apparente, les tambours se sont subitement tus. Ce qui n'a pas échappé au secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, qui lance le 22 mai 2008, en marge d'une réunion de préparation du congrès de son parti, sur un ton sarcastique : « On a remarqué l'extinction de toutes les voix qui faisaient de la surenchère avec la révision de la Constitution. » Que s'est-il donc passé ? Personne, hormis le Président lui-même, ne pouvait mettre fin à la campagne de sollicitations et de soutien. Son état de santé l'obligerait-il à renoncer définitivement à un troisième mandat ? A moins que le locataire d'El Mouradia n'ait mis volontairement en sourdine le tintamarre autour de la révision de la Constitution, histoire de laisser passer l'été et le Ramadhan pour gagner un peu de temps. L'annonce de la révision dans ce contexte vaudrait mécaniquement candidature officielle. Il est vrai qu'elle ouvrirait immédiatement la campagne électorale et offrirait à ses adversaires de longs mois pour s'organiser. Face à l'opacité dans laquelle baigne le pouvoir politique, difficile de trancher entre un renoncement ou une énième ruse du Président…