La Gendarmerie nationale prévoit la création de 10 cellules de protection des enfants contre la maltraitance multiforme qu'ils subissent de la part des adultes. Elles viendront s'ajouter à celles d'Alger, d'Annaba et d'Oran. Tizi Ouzou : De notre bureau L'annonce a été faite jeudi à Tizi Ouzou à l'occasion d'une journée scientifique ayant pour thème « L'adolescence tourmentée » organisée par la fondation Mahfoud Boucebci. L'objectif assigné à ces structures est le suivi psychologique et juridique des victimes. Il s'agit aussi de lutter contre les auteurs de ces crimes. Kidnappings, agressions sexuelles, coups et blessures, les statistiques présentées par la psychologue de la Gendarmerie nationale, Mme Boukaoula Wassila, font état d'une hausse des actes de violence sur les enfants, notamment dans les zones rurales. 1676 cas en 2006, 1614 en 2007 et 660 durant le premier trimestre de l'année en cours. En matière de violences sexuelles, le nombre de viols sur mineurs est passé de 134 en 2006 à 137 en 2007. 48 cas ont été dénombrés pour les trois premiers mois de l'année 2008. Le même corps de sécurité a recensé également 101 enlèvements de mineurs depuis début 2006 et 12 actes incestueux sur enfants en 2007. « Ces chiffres ne reflètent pas la réalité. La violence sexuelle sur enfants a pris de l'ampleur dans notre société, malheureusement on n'en parle pas. Des parents ont mis deux ans pour signaler un cas de pédophilie », a relevé l'intervenante. D'autres aspects liés au thème de la journée « L'adolescence tourmentée » ont été abordés par les conférenciers. Boussad Boudiaf, directeur de CEM à la retraite, a consacré son exposé aux raisons de l'échec scolaire en Algérie. Selon lui, ce problème découle d'abord de l'inexistence ou d'un mauvais choix du projet de société. C'est aussi justifié, ajoute-t-il, par la démographie galopante qui donne des classes surchargées. « Il y a aussi à la base la mauvaise formation des enseignants. » Parmi les autres causes de l'échec scolaire, M. Boudiaf cite la surcharge inutile des programmes scolaires, le volume horaire, l'arabisation « idéologique précipitée » et la dévalorisation « honteuse » de la fonction de l'enseignant. Le docteur Mahmoud Boudarène, psychiatre, s'est intéressé à l'émigration clandestine (harraga). « Près de 200 corps de harraga ont été repêchés en mer depuis début 2007. 60% des jeunes qui tentent cette aventure ont demandé le visa au moins une fois », fait-il remarquer. Pour ce spécialiste de la santé mentale, le phénomène des harraga « a mis à nu l'incapacité des pouvoirs publics à prendre en charge les préoccupations de la jeunesse ». Il ajoutera : « Ils sont condamnés, voués aux gémonies, car ils sont témoins de la mauvaise gouvernance. La répression des harraga ne servira à rien. Le problème n'est pas pourquoi ils quittent le pays, mais pourquoi ils n'aiment pas le pays ? Les pouvoirs publics doivent œuvrer à instaurer l'espoir. » Les autres communications ont traité des troubles de la sexualité chez l'adolescent, du suicide, de la crise des valeurs chez les jeunes et de la violence à l'école.