C'est un véritable travail de fourmi, celui qui a été réalisé récemment par Ramdane Lasheb. Ce dernier vient d'éditer, avec le concours du Haut commissariat à l'amazighité, un livre qui couronne des années de recherches de termes du terroir pour en faire un ouvrage qui rassemble des chansonnettes et des odes interprétées par les femmes kabyles durant la guerre de libération. C'est un livre, en bilingue, tamazight et français, de la poésie orale kabyle de résistance. L'auteur relate, à travers cette publication, les mouvements de solidarité empreints particulièrement des chants patriotiques ou plutôt la liturgie des sons musicaux produits par des voix féminines avec les divisions des poèmes épiques. Il s'agit, en quelque sorte, de plusieurs témoignages recoupés dans un village de la Kabylie anéanti par les affres de la lutte de Libération nationale. Cela étant, Ramdane Lasheb a eu recours, au cours de son travail, à la collectes des poèmes auprès des femmes qui les exécutaient. Mais, selon lui, le nombre de ces dernières est inexorablement réduit. Les causes invoquées sont liées à la non-transmission de ce « trésor » à la génération post-indépendance. « La poésie de la guerre est importante, non seulement par le nombre, mais aussi par ce qu'elle représente en tant que produit historique qui servira dans l'écriture des événements », explique-t-il. Aussi, en s'appuyant sur les caractéristiques de la métaphore et quelques autres figures de style lyrique, l'auteur décrit des vers qui exprimaient les sentiments et l'inspiration intrinsèque des femmes kabyles de la guerre. Dans la structure poétique de ces vers, l'on trouve dans le corpus trois principales parties. Celles-ci portent sur les poèmes qui relatent la vie dans les villages, jusqu'à la fin 1959, pendant l'opération Jumelles, via les événements de déclenchement de la guerre en vovembre 1954. La deuxième phase se limite à raconter l'occupation des villages tandis que la troisième consiste en des poèmes récités en l'honneur des martyrs. L'étude a été réalisée dans le village Talla Khellil (Béni Douala).