Nulle paix n'est viable sans l'implication de toutes les parties concernées avec la condition de se préserver des interférences et autres ingérences extérieures. » Ceci pourrait être le sceau à apposer sur la teneur que devra prendre le sommet des chefs d'Etat des pays du Sahel devant traiter de la sensible question de la sécurité sur la bande frontalière reliant ces pays. L'annonce faite avant-hier par le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour l'Afrique de l'Ouest (Unowa) sur le choix du début du mois de juillet pour la tenue de ce sommet a jeté une once de suspicion sur une volonté de l'organisation internationale de s'immiscer dans cette initiative purement malienne et adoptée par les pays voisins. Une source diplomatique à Alger est formelle : « L'ONU doit rester en dehors de cette initiative. Les questions liées à la bande frontalière du Sahel doivent être réglées dans le cadre du voisinage. » Cette même source explique que l'implication de l'ONU, qui est un regroupement de pays de différents poids et appartenances, pourrait avoir des influences pas forcément positives sur la tournure que devront prendre les discussions entre pays de la région et retarder l'aboutissement à des solutions communes. La bande sahélienne qui est, pour rappel, sujette à différentes formes de manifestations criminelles et autres formes de déstabilisation liées à des conflits internes, a attiré ces dernières années l'intérêt des grands de ce monde qui ont manifesté une volonté d'être directement impliqués dans la lutte contre ces crimes, notamment l'initiative américaine « Plan Sahel » ou encore la proposition de l'installation d'un commandement militaire américain dans la région. Les pays de la région, qui avaient jusqu'alors des positions disparates, sont arrivés aujourd'hui à la conviction que la clé de la stabilité de la région réside dans la conjugaison des efforts des mêmes pays de la région qui sont directement touchés par l'insécurité grandissante dans le Sahel. L'annonce onusienne pourrait être assimilée à un appel pour prendre part au sommet et prendre pour sienne l'initiative en elle-même. « Il faut savoir, que pour l'heure, aucun pays ne s'est encore prononcé sur ce sujet et aucune date n'a été fixée », indique notre source diplomatique algérienne qui précise qu'il appartient aux seuls pays invités à ce sommet de décider du lieu et de la date pour la tenue de cette rencontre de haut niveau, devant aboutir à une solution concertée et rassembleuse. Si l'Algérie a apporté son soutien à l'initiative malienne « pour un sommet des pays du voisinage en faveur d'une action commune pour la paix et la stabilité de la région » par la voix de son premier magistrat, Abdelaziz Bouteflika, lors du passage à Alger en novembre 2007 du président malien Amadou Toumani Touré, elle reste fermement attachée à un règlement régional et local des questions touchant aux intérêts des pays du voisinage sahélien. L'accord de paix signé en juillet 2006 à Alger entre le gouvernement malien et les chefs de la rébellion touareg traduit cette volonté algérienne de garder le rôle de médiateur dans l'apaisement des tensions grondant à ses frontières. « Il me parait essentiel d'insister sur l'importance que nous devons accorder à la tenue régulière des réunions des mécanismes bilatéraux en charge des questions liées à la zone frontalière commune, à la paix et à la sécurité, en l'occurrence, le comité bilatéral frontalier et la commission mixte de sécurité », a estimé Bouteflika lors de sa dernière rencontre avec son homologue malien Toumani Touré. Ce dernier, qui multiplie les appels à une concertation locale pour l'instauration d'une paix durable dans la région, a souvent affirmé son attachement à l'accord d'Alger. « Il demeure la base des négociations pour résoudre la crise touareg » souligne-t-il. Le 12 juin dernier encore, le Premier ministre malien, Modibo Sidibé, qui annonçait que le Mali va accueillir prochainement, sur l'initiative du président Amadou Toumani Touré, une conférence sur la paix, la sécurité et le développement dans la région sahélo-saharienne, a affirmé que l'accord d'Alger « reste le cadre privilégié de dialogue et de paix » pour en finir avec le conflit sévissant dans le nord du Mali. Prônant l'action commune, les pays du Sahel se trouvent face au sérieux défi de rétablir la paix dans une zone très sensible.