Le parti du Premier ministre dénonce les pays qui souhaitent mettre le pied dans la région sous couvert de la lutte antiterroriste. Qu'est-ce qui fait parler le parti du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, sur la situation dans le Sahel? Dans sa résolution finale sanctionnant la 3e session ordinaire de son conseil national, le Rassemblement national démocratique rejette toute «ingérence extérieure» au Sahel. Cette sortie du RND est loin d'être fortuite. Le message du RND n'est pas un message lancé par une quelconque formation politique algérienne. Il s'agit d'une formation dont le secrétaire général n'est autre que le patron de l'Exécutif. Cela suppose que la réaction de Ahmed Ouyahia pourrait être celle du gouvernement. D'où l'importance des déclarations de M.Ouyahia sur un thème qui fait l'actualité régionale. Ahmed Ouyahia et sa formation expriment de fait une opinion que partagent, dans une large mesure, les Algériens quant aux immixtions répétées de pays tiers dans une région qui concerne directement l'Algérie, à savoir le Sahel. C'est ce que, d'ailleurs, souligne la résolution finale du RND. Celui-ci «exprime son rejet de toute velléité d'ingérence extérieure dans la région du Sahel sous couvert de la lutte contre le terrorisme», note la résolution. Sans les citer nommément, le parti du Premier ministre fait allusion à la France et aux Etats-Unis qui se disputent cette région. Ces deux pays ne ratent aucune occasion pour se montrer solidaires des pays de la bande sahélo-saharienne. Ils réitèrent, à chaque occasion, leur «souhait de coopérer» avec les pays concernés. Washington se dit «préoccupé» par la situation sécuritaire en Afrique, notamment dans la région évoquée. C'est dans ce «souci» qu'elle a souhaité installer son commandement militaire dans l'un des pays de la région. Les Etats-Unis tentent de trouver une couverture, ou bien un prétexte qui est la lutte antiterroriste, pour mettre le pied dans la région. Ce débat a fait couler beaucoup d'encre entre Washington et quelques pays du Sahel dont l'Algérie. La France n'est pas en reste. Paris souhaite pour sa part marquer sa présence et ne, pas laisser Washington placer la région sous son contrôle. Paris a ainsi souhaité prendre part au sommet des chefs militaires des Etats du Sahel tenu à Tamanrasset en août dernier. Par ailleurs, la résolution du RND estime que la présence de pays tiers dans la région ne fera que compliquer davantage la situation. Ahmed Ouyahia se dit convaincu que les tentatives d'ingérence extérieure «n'auront pour résultat que de transformer la sous-région en foyer de tension grave». Afin de faire barrage à ces démarches, le RND souhaite que les populations des pays du Sahel se solidarisent avec leurs gouvernements dans la voie de la paix et de la sécurité. Le RND a appelé les peuples et les forces politiques des pays sahéliens à un «engagement plus soutenu de leurs gouvernements respectifs dans cette voie, au service de la paix, de la sécurité et du développement de la sous-région». Le RND a, d'autre part, exprimé sa «profonde préoccupation» face à la propagation du danger terroriste dans la région du Sahel, phénomène accompagné et nourri, note la résolution, par des trafics multiples, y compris le trafic de drogue. L'occasion s'est offerte au parti, membre de la coalition au pouvoir, de dénoncer «le compromis» trouvé entre Paris et Bamako relatif à la libération des terroristes. Il condamne, également, le «double langage de certains Etats dans la lutte contre le terrorisme (...) déclarée comme une cause solidaire par toute la communauté internationale, et (...) codifiée par les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies».