Le service des grands brûlés du CHU Benbadis de Constantine draine les patients de près d'une dizaine de wilayas, dont Mila, Oum El Bouaghi, Sétif, Khenchela, Biskra…qui sont souvent admis dans un état critique nécessitant des soins intensifs couplés à d'autres actes comme la réanimation pour ceux dont le pronostic vital est en jeu. Doté de 16 lits, ce service reçoit près de 200 grands brûlés par an dont la moitié sont des enfants. Selon le docteur Djenane, responsable de cette structure, c'est le couple mère-enfant qui constitue la majorité des grands brûlés, de même que 80% de ce genre d'accidents surviennent à la maison pour des raisons liées aux conditions de vie des familles algériennes, telles la promiscuité, la précarité et l'insalubrité des logements, qui sont autant de facteurs conjugués aboutissant souvent à des drames. Tout cela renseigne, en effet, sur les causes de ces accidents, mais pas seulement dira M. Djenane, qui souligne la permanence du danger souvent ignoré ou sous-estimé en citant comme exemple la bouteille de gaz butane mal entretenue et malmenée durant son transport avant d'arriver chez l'utilisateur. Au demeurant, ajoutera-t-il : « Les grands brûlés peuvent être divisés en 3 grandes catégories en fonction de l'agent causal. Il s'agit en premier des brûlures thermiques souvent accidentelles (huiles, eau bouillante) dans une proportion de 80% puis celles d'origine électrique résultant des constructions illicites réalisées à proximité des lignes à haute tension et enfin les brûlures d'origine chimique causées par le rayonnement des U.V. en sus de certains actes volontaires (suicides), voire criminels qui peuvent survenir ». Notre interlocuteur précisera, en outre, que la plupart des cas traités dans son service sont toujours très graves, entraînant une mortalité élevée qui oscille entre 20 et 25 %, associée à une morbidité tout aussi importante laissant des séquelles lourdes. « Au CHUC, dira le même responsable, les grands brûlés restent les malades les plus lourds. La durée d'hospitalisation est en moyenne de 28 jours et peut s'avérer beaucoup plus longue selon les cas. Les patients sont, d'autre part, entourés d'une vigilance de tout instant en raison des risques d'infections nosocomiales ». S'agissant des moyens, le service est en butte à certaines difficultés avec le départ notamment du personnel paramédical attiré par les cliniques privées même si, estime notre interlocuteur, l'équipe médicale, composée de 9 médecins en plus des résidents qui font la rotation, est suffisante. Néanmoins, poursuivra notre interlocuteur, des efforts doivent être entrepris en amont pour sensibiliser la population sur les dangers des accidents domestiques à travers notamment des campagnes de prévention, ajoutant que son souhait est de voir se multiplier les structures d'accueil pour les grands brûlés dans les wilayas voisines telles Skikda, Sétif et Oum El Bouaghi, car il a été constaté que les grands brûlés qui arrivent au CHUC sont admis dans un état aggravé par une mauvaise prise en charge, soit sur les lieux de l'accident soit au niveau du centre de transit.