Comme à l'accoutumée, les propriétaires des fusils de chasse confisqués par l'Etat au début des années 1990, suite à la dégradation des conditions sécuritaires, ont manifesté hier pour exprimer leur désarroi et dénoncer « les autorités qui font la sourde oreille ». Une soixantaine de personnes, des fellahs dans leur majorité, s'est ainsi rassemblée tôt dans la matinée au niveau de la place principale de la ville. Parmi elles des anciens maquisards, des vieux dépassant dans certains cas la soixantaine. Le mot d'ordre brandi demeure le même et les déclarations des concernés dévoilent une frustration quant à la réponse faite mercredi dernier par le ministre de l'Intérieur au cours du point de presse qu'il a animé en marge de la cérémonie d'installation du nouveau wali de Bouira. Venus des quatre coins de la wilaya, à savoir M'Chedallah, Sour El Ghozlane, Lakhdaria, Haïzer, Ath Laâziz et Bouira, les citoyens, qui veulent reprendre leurs armes, n'ont pas mâché leurs mots pour dénoncer l'attitude des autorités. « Nous avons saisi tous les responsables, à tous les niveaux, dont le président de la République, mais sans qu'une suite ne soit donnée à nos sollicitations », nous dira l'un des présents. Toujours sur le même ton, un propriétaire de fusil confisqué venant de la daïra de Sour El Ghozlane dira : « Nous demandons aux autorités compétentes de nous restituer nos biens, sinon, et à défaut, nous indemniser en nous attribuant des bons d'achat. Cela étant donné que la vente des fusils de chasse a repris. » Pour rappel, les fusils en question avaient été remis aux autorités en 1992, et ce, au niveau de 10 wilayas du centre du pays. A Bouira, l'on compte quelque 9600 fusils remis à l'époque aux différents services de sécurité sur instruction du ministère de l'Intérieur. Ainsi et depuis l'an 2000, les propriétaires de ces fusils, dont certains sont des reliques vouées au musée, n'ont cessé de revendiquer la réappropriation de ces biens. Une demande que les autorités semblent ne pas vouloir satisfaire. La dernière déclaration de M. Zerhouni à Bouira n'en est qu'une illustration puisqu'il a conditionné la résolution de ce problème par le rétablissement définitif de la sécurité. Un argument que les propriétaires des fusils confisqués et le député Ali Brahimi ayant suivi le dossier de près rejettent en bloc. Car, pour eux, « il demeure inconcevable que ces citoyens soient privés de leur bien au moment où d'autres sont autorisés à se procurer des fusils ». « Pis encore, dira l'un des contestataires, certains ont bénéficié d'armes données gracieusement par l'Etat au moment où d'autres, dont des maquisards, attendent encore un geste de la part des autorités. » Cependant, nous apprenons de sources bien informées que le dossier est actuellement à l'étude et que des solutions médianes auraient été trouvées en haut lieu. Affaire à suivre donc. Amar Fedjkhi , Lyazid Khaber