Réputée par le passé pour les belles demeures à la merveilleuse architecture arabo-andalouse, Bab Dzaïr est devenue aujourd'hui un carrefour de délinquance et un des grands chantiers éternels de la ville des Roses. Habillés en tenue de bédouins, des charlatans se mettent en file à quelques mètres du commissariat du 1er arrondissement, profitant des différents maux sociaux et de l'inconscience des citoyens pour se faire une fortune. « On a vu plusieurs femmes fréquenter ces escrocs. Quelques-unes en sont même arrivées à leur donner des bijoux pour que ceux-ci exaucent leurs désirs », dira Ferhat, propriétaire d'un magasin de vêtements. Ce qui aggrave encore plus la situation est la présence de délinquants venant de plusieurs régions du pays pour y trouver refuge. Selon les résidants, cette étroite ruelle est le lieu privilégié des trafiquants de drogue. En plus des malades mentaux, une jonction bizarre entre le futur et le passé est représentée par des retraités et des chômeurs qui se regroupent chaque matin sur les quelques marches menant vers la cité Houari Mahfoudh, communément appelée cité des 130 Logements. Pour les passionnés de l'histoire, cette cité est bâtie sur les décombres de l'ancien hôpital militaire français appelé à l'époque Ducrox, qui a été construit en 1890 et démoli en 1984 dans le cadre du réaménagement du centre ville. Complétant le décor de ce quartier présumé résidentiel, des enfants en bas âge achètent quotidiennement des cartons de gaufrettes ou de gâteaux secs et les vendent sur les trottoirs afin de se faire de l'argent de poche, et la mauvaise réputation de la rue Becourt, communément connue sous le nom de rue Maillot, fait le comble. Cette rue, qui existe depuis la période de la colonisation, a perduré même après l'indépendance. Bien qu'aujourd'hui, les autorités locales aient pris la décision de démolir ces maisons afin d'exploiter le terrain pour d'autres projets, le réseau existe toujours et, selon les résidants, il ne cessera jamais d'exister. Ammi Salah, comme toutes les anciennes familles, telles que Bencherchali et Benzitouni, les grands savants issus de ce quartier, tels cheikh Bendjelloul, cheikh Baba Amr et les anciennes demeures au style mauresque, telle Dar Abed bâtie vers la fin du XIXe siècle, pleurent ce quartier qui se perd dans les flots de la délinquance, le chômage, le charlatanisme et les chantiers éternels restent les ultimes témoins des changements qui métamorphosent Bab Dzaïr, ancienne porte de Blida.