Le marché reste insensible aux signaux lancés par l'Arabie Saoudite et à sa promesse d'augmenter sa production de pétrole brut. Hier, le baril de light sweet crude a battu un nouveau record à New York en frôlant la barre des 140 dollars, à 139,89 dollars. Le dernier record datait du 6 juin à 139,12 dollars le baril. A Londres, le brent a battu aussi hier son propre record à 139,32 dollars. Le dernier record datait du 6 juin à 138,12 dollars. Pourtant dans la matinée et sur le marché asiatique, les cours du pétrole avaient observé un net recul autour des 134 dollars le baril suite à l'information de la décision saoudienne. Mais plus tard dans la journée, une information faisant état d'une amputation de 150 000 barils à la suite d'un incendie sur une plate- forme de production pétrolière de la mer du Nord gérée par la compagnie norvégienne StatoilHydro a fait grimper les cours. Parallèlement à cette information, la reprise de la monnaie européenne, l'euro, face au dollar a aidé aussi à la hausse des prix. L'euro est passé de 1,5384 à 1,5518 dollar. Le secrétaire général de l'ONU avait révélé que l'Arabie Saoudite allait porter sa production de pétrole à 9,7 millions de barils par jour en juillet. Ainsi, après l'augmentation de 300 000 barils par jour annoncée au mois de mai, une deuxième augmentation équivalente à 200 000 barils par jour devrait être concrétisée au mois de juillet. Ce qui donnerait sur le marché une hausse de 500 000 barils par jour. Mais cet événement semble n'avoir aucune influence sur les cours du pétrole. A chaque fois qu'une augmentation est annoncée par l'Arabie Saoudite, les prix connaissent un reflux pour ensuite aller vers de nouveaux records portés par d'autres facteurs, tels que le recul du dollar par rapport à l'euro ou bien les menaces proférées contre l'Iran. Cette situation conforte l'Opep dans son analyse qui soutient que la hausse actuelle des prix n'avait rien à voir avec les fondamentaux du marché. Jeudi dernier, en marge d'une séance du Sénat, le président de l'Opep et ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, avait estimé que les « fondamentaux du marché n'influaient pas à l'heure actuelle sur les prix ». « Le problème se situe au niveau de la crise économique qui sévit aux Etats-Unis et qui a conduit à la dépréciation du dollar, ainsi que les menaces contre l'Iran, ce qui a constitué une source de perturbation géopolitique », a-t-il dit, indiquant que « la spéculation n'était pas à négliger ». Samedi dernier, lors de leur réunion tenue à Osaka, au Japon, les ministres des Finances des pays du G8 ont confié une mission assez spéciale au FMI et à l'AIE. Dans le communiqué final, ils ont appelé « le FMI et l'Agence internationale de l'énergie à travailler avec les autorités nationales compétentes pour mener une analyse complémentaire des facteurs réels et financiers derrière le bond récent des prix du pétrole et leur volatilité et des effets sur l'économie mondiale ». Le 22 juin, une réunion de concertation aura lieu en Arabie Saoudite entre pays producteurs et pays consommateurs. Cette réunion a de fortes chances d'aboutir au même constat que celui fait par l'Opep actuellement. Même si les pays consommateurs vont encore une fois demander à l'Opep d'augmenter sa production au moment où la demande mondiale est en train de connaître une baisse et exiger que les pays producteurs ouvrent davantage leur domaine minier aux compagnies pétrolières internationales.