Onze ans barakat. Qu'il rentre chez lui », crie un syndicaliste qui semble en avoir gros sur le cœur. Comme lui, plusieurs centaines de représentants de différentes sections UGTA de la wilaya d'Alger sont, en cette matinée de mardi, devant le siège de la centrale syndicale (Palais du peuple) pour exiger le départ du secrétaire général de l'union de wilaya, Salah Djenouhat, également membre de la CEN et du bureau national du RND. C'est le troisième rassemblement organisé depuis le 11e congrès de l'UGTA pour dénoncer les « abus de pouvoir » du secrétaire général de l'union de wilaya. Les syndicalistes, dans une déclaration écrite, motivent leur revendication par « l'état déplorable dans lequel a été mise leur union de wilaya, dont la vie organique est réduite aux injonctions, à la cooptation et au clientélisme ». Réclamant leur attachement au slogan du 11e congrès, à savoir « Stabilité, solidarité et modernité », les manifestants affirment que le but de leur action est de se réapproprier leur instrument de lutte. « Nous en avons marre de subir le népotisme et le despotisme au sein de notre organisation syndicale », fulmine Mohamed Filali, membre de l'union locale d'El Harrach. « Il (Djenouhat) est là depuis 1997 sans aucune opération de renouvellement ni conseil de wilaya », ajoute-t-il, avant qu'un autre syndicaliste lance à la cantonade : « Il a transformé l'union de wilaya en une SPA. » M. Filali se demande pourquoi ne veut-on pas laisser la place aux jeunes syndicalistes qui représentent une frange importante des travailleurs ? Les syndicalistes ont usé et abusé de qualificatifs pour illustrer la situation « catastrophique » dans laquelle se trouve l'union de wilaya. Ils parlent de suspensions, d'exclusions, d'intimidations, d'absence d'assemblées générales électives, de congrès préfabriqués… Naïma Oumghar, de la section de la BNA DRICE à Oued Smar, affirme avoir été suspendue pour avoir participé aux précédents rassemblements. Il y a eu plusieurs autres syndicalistes dans son cas. M. Filali évoque, dans le même sillage, le blocage des structures locales. Pour étayer ses propos, il cite, à titre d'exemple, l'union locale d'El Harrach qui fonctionne, selon ses dires, avec seulement une personne, à savoir le secrétaire général de la section. « Tous les autres syndicalistes sont mis à l'écart », fait-il remarquer, avant d'ajouter que « tous ceux qui ne lui sont pas dévoués sont automatiquement isolés et marginalisés ». Plusieurs autres situations ont été dénoncées par les syndicalistes. Menouar Madouri, de l'union locale de Bab El Oued, relève le fait que le centre de formation des syndicalistes ait été reconverti en une salle des fêtes. Des syndicalistes de Naftal et de la BNA font part de quelques misères qu'on leur fait subir au quotidien. « Le syndicat de la BNA est dirigé par un secrétaire général par intérim depuis 6 ans, alors que la réglementation en la matière exige l'élection d'un nouveau SG au bout de 90 jours », souligne un syndicaliste de cette entreprise. Le même ressentiment a été exprimé par les syndicalistes du préscolaire d'Alger. Pour avoir dénoncé le non-respect de la procédure dans l'installation du comité de participation, quatre syndicalistes du Presco, dont une directrice d'un jardin d'enfants, ont été licenciés sans aucune notification officielle, souligne l'un d'entre eux. L'affaire est portée devant la justice. « J'ai déposé plainte pour le licenciement et pour les insultes que j'ai récoltées auprès de la personne qui m'a remplacée par la suite », précise la désormais ex-directrice du jardin d'enfants Beyrouth, au boulevard Krim Belkacem. Ne supportant plus cette situation, les syndicalistes en appellent ainsi au secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, pour qu'il intervienne et mette en place dans les meilleurs délais une commission de préparation du congrès de l'union de wilaya d'Alger afin d'assainir définitivement la situation organique et financière. « Nous demandons cela à Sidi Saïd parce que nous lui faisons confiance et parce qu'il est le seul capable de remettre sur les rails notre union », précise M. Filali.