L'émission « Alhane wa chabab » sera reprise cette année. Quelles sont les nouveautés prévues au programme et quel est le budget de cette opération ? Cette année, les candidats bénéficieront de trois voyages, notamment en France et en Syrie. Il y aura, par ailleurs, 3 caravanes (au lieu de 6 l'année dernière) qui commenceront les castings au sud puis remonteront vers le nord du pays (...) L'émission est produite avec un système donnant droit aux producteurs de chercher des sponsors. L'entreprise Djezzy est notre partenaire officiel. La Télévision ne met pas d'argent dans sa poche. Elle programme l'émission avec zéro dinar. Le projet est divisé en plusieurs phases : le casting, l'école et le prime. Pour l'heure, nous en sommes à la première étape. On ne peut pas connaître le budget à l'avance. Vous savez qu'en Algérie on ne doit pas s'aventurer à faire des prévisions. En fait, l'année dernière, avec le concours de Djezzy, nous avons eu près de 22 milliards de centimes. Comment est née la maison Maghreb film productions et quelles sont ses plus grandes réalisations ? A l'origine, Maghreb film devait faire de la production cinématographique. Nous avons commencé en 2002 avec le feuilleton Chouf Laâdjeb. Il y a eu, par ailleurs, Djeha, Mouftarak etourouk, Wahiba, Babor D'zaïr, Binatna. Nous nous sommes fait une place importante dans l'événementiel en organisant, notamment, les jeux panafricains, Alger, capitale de la culture arabe, « Alhane wa chabab » et le festival du film arabe. Nous estimons que nous avons acquis un certain savoir-faire dans le domaine. Nous avons pu gérer 60 000 spectateurs avec une organisation aux normes internationales. Maghreb film est aujourd'hui une boîte qui « assure » . La production Babor D'zaïr a été jugée en-deçà des attentes des téléspectateurs. Quelles leçons en avez-vous tirées ? Je n'ai jamais parlé de cette affaire, cet entretien me donne l'occasion de m'expliquer. Mon objectif premier a toujours été d'améliorer la production audiovisuelle. J'ai voulu atteindre ce but en réalisant une superproduction. Merzak Allouache était, à mon avis, l'un des meilleurs réalisateurs algériens. Son film Chouchou a été très réussi. Il m'a proposé un scénario qui s'intitulait Trabendo. De prime abord, il me semblait que le scénario était fait pour être adapté au cinéma. L'histoire n'était pas suffisamment développée pour qu'elle puisse faire l'objet d'un feuilleton. Allouache a proposé de réécrire le scénario et de le travailler au fur et à mesure du tournage. Etant donné que c'est un réalisateur connu, je ne pouvais pas douter de sa bonne foi. Je lui ai donc fait entière confiance et je lui ai accordé tous les moyens nécessaires. J'ai joué des coudes pour recruter les comédiens les plus connus que j'ai d'ailleurs payés assez cher pour pouvoir faire face à la concurrence. J'ai travaillé jour et nuit pour être à la hauteur. Si l'histoire n'a pas réussi à convaincre les gens, je m'en lave les mains. Je ne suis pas réalisateur. J'ai appris, grâce à cette expérience, qu'il ne faut pas faire confiance aux gens, fussent-ils expérimentés. Aujourd'hui, je fais plus attention au suivi. J'ai d'ailleurs eu des problèmes avec des réalisateurs — notamment Ghaouti Bendedouche — car je ne voulais pas que l'histoire se reproduise. Pour quelles raisons vous ne faites que de la « production exécutive » ? Le seul financement qui nous reste est la Télévision. L'environnement de la production n'existe pas. L'Etat existe uniquement à travers l'ENTV. Nous sommes obligés d'avoir recours à la production exécutive. Si la TV ne finançait pas et n'achetait pas les droits de diffusion, les producteurs seraient perdus. Il faudrait réfléchir à mettre en place un centre d'audiovisuel qui pourrait gérer les producteurs et leur apporter des aides. Il faudrait, peut-être, élargir le champ d'action du Centre national du cinéma. La production audiovisuelle devrait être exonérée d'impôts puisqu'il n'y a pas de subventions. A part la Télévision, il n'y a pas de marché. Nous essayons d'exister avec un modeste savoir-faire. L'Etat devrait intervenir. La presse se prend souvent pour juge alors qu'elle devrait soutenir la production. Certains producteurs audiovisuels se disent marginalisés. Ils estiment que votre maison de production est favorisée par les responsables de la Télévision... Maghreb film n'est favorisée que par rapport à son travail. L'excuse de ces producteurs ne tient pas la route. La Télévision fait travailler tout le monde. Slimane Bekhlili fait Forsane el Quran, SD Box réalise de nombreuses productions, Badivision fait une émission (El F'hama) toute l'année. Quant à moi, je n'ai pas d'émission à l'année, dites-moi alors qui est favorisé ? La Télévision a 24 heures d'émission quotidienne, j'aimerais bien que tout le monde bosse pour créer d'autres chaînes à l'avenir. Cette suspicion est peut-être liée au fait que Maghreb film a obtenu des marchés juteux… Je ne suis pas d'accord. Maghreb film a soumissionné pour obtenir le marché « Alger, capitale de la culture arabe » et pour les jeux panafricains. Si « Alhane wa chabab » a connu un grand succès, c'est parce que nous avons travaillé dur. C'est Maghreb film qui a eu l'idée de ce projet. Nous l'avons soumis à la Télévision et elle a accepté. Nous avons même fait les démarches pour convaincre les sponsors de participer au projet. La Télévision est gagnante. Si d'autres producteurs lui proposaient pareille chose, je suis sûr qu'elle ne refuserait pas. La Télévision n'est pas une tarte que nous sommes en train de nous partager. Nous ne sommes pas en train de voler. Nous sommes en train de bosser. Des « cadres du ministère de la Culture » ont dénoncé, notamment à travers internet, des irrégularités dans l'événement « Alger, capitale de la culture arabe », le mot « tchippa » revient très souvent dans leur communiqué, qu'en pensez-vous ? Etant un homme très occupé, je n'ai pas le temps de surfer sur le net. D'autant que n'importe qui peut y raconter n'importe quoi. La « tchippa » existait dans les années 1980 et 1990 ; aujourd'hui, tout est clair. Si ces prétendus cadres ont un problème avec leur ministère de tutelle, ils n'ont pas à me mêler à leurs affaires. Notre rôle est de promouvoir la culture algérienne. Même s'il y a 1000 Bahloul, 1000 Lakhdar Boukhers et 1000 Djaâfar Gacem, ce ne sera jamais assez suffisant pour vanter la diversité de notre culture.